Valse avec Bashir
Waltz with Bashir
de Ari Folman
Sélection officielle
palme

Sortie en salle : 25 juin 2008




Certains voyaient déjà ce film d'animation au palmarès, y compris pour la plus haute distinction. La présence de Marjane Satrapi (Persepolis) dans le jury aurait pu, de surcroît, donner un coup de pouce à cette œuvre au graphisme recherché et politiquement courageuse, bien qu'éloignée de l'imagerie consensuelle du dessin animé de la cinéaste franco-iranienne.
Le récit explore l'inconscient d'un ancien soldat israélien persuadé d'avoir été le témoin ou l'acteur d'actes horribles lors de la première guerre au Liban, dans les années 80. Ses nuits étant troublées de cauchemars et d'hallucinations (il se voit poursuivi par vingt-six chiens féroces), il décide d'interviewer ses ex-compagnons d'armes ainsi que des psychanalystes qui tenteront d'interpréter ses rêves.
L'originalité du récit est de transformer un matériau documentaire et autobiographique en création graphique, en dépassant la technique du « rotoscope » qui permet de repeindre un enregistrement vidéo. Plus qu'un graphisme réaliste, il s'agit d'un véritable travail de création artistique, particulièrement convaincant dans les séquences d'épisodes de guerre (attaque d'un tank israélien par une milice, fuite d'un soldat dans la mer...).

Le film culmine avec l'évocation des massacres de Palestiniens par les phalangistes chrétiens voulant venger Bachir Gemayel, dans les camps de Sabra et Chatila.
Toute une réflexion sur la culpabilité et le traumatisme des militaires parcourt le scénario, qui permet de hisser le cinéma d'animation à un niveau d'intelligence rarement atteint. Pourtant, on regrettera une narration parfois confuse, certaines métaphores répétitives (les signes illustrant le désir et la mort, la sensualité féminine ou le refuge marin), ainsi que d'authentiques images d'archives de femmes en pleurs et de photos d'horreur : cette volonté d'évacuer toute velléité de fiction et de donner un ancrage historique rompt un peu la magie de l'ensemble.
Tel quel, Valse avec Bashir remplit son contrat et forme une alternative courageuse au plaisant Kung Fu Panda, présenté dans la même sélection, mais hors compétition.

Gérard Crespo

 

 


1h27 - Israël / France / Allemagne - Scénario et dialogues : Ari FOLMAN - Photo : David POLONSKI - Décors : - - Musique : Max RICHTER - Montage : Nili FELLER - Son : Aviv ALDEMA - Animation : Yoni GOODMAN.

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