Une histoire italienne
Wild Blood
Sanguepazzo
de Marco Tullio Giordana
Sélection officielle
Hors compétition

palme

Sortie en salle : 09 juillet 2008




On a été injuste avec cette chronique attachante, Marco Tullio Giordana ayant été accusé d'académisme alors que ce récit, classique certes, est un film honorable sur deux des destinées les plus tragiques du cinéma italien.
Luisa Ferida et Osvaldo Valenti, vedettes du milieu des années 30 à 1945, ont connu la gloire, puis se sont brûlé les ailes par leur compromission avec le régime fasciste. Ils furent fusillés par des partisans à Milan, après une parodie de procès. Leur filmographie, invisible en France, ne connaît pas de titre majeur. Valenti est présenté ici comme un cabotin de pure race (Luca Zingaretti, qui l'incarne, est excellent), arriviste opportuniste et incarnation du mal, qui n'est pas sans évoquer le personnage de Donald Sutherland dans 1900. Luisa Ferida, sorte de Mireille Balin transalpine, a l'allure d'une bonne actrice, charismatique et populaire, et de surcroît sentimentale dans sa vie personnelle. Nul doute que le cinéaste est plus indulgent avec elle, et Monica Bellucci est pour une fois plutôt convaincante dans le rôle de cette star partagée entre deux amours et fidèle à ses idéaux. L'exécution de deux artistes du 7e art est un cas unique dans l'Histoire. En France, des comédiens (Arletty, Corinne Luchaire, Robert Le Vigan) ont certes connu des ennuis à la Libération; en Allemagne, Leni Riefenstahl vit sa carrière brisée pour avoir été la documentariste officielle du régime nazi. Mais jamais une mise à mort ne fut décidée.


Le film de Tullio Giordana est basé sur une chronologie qui alterne deux époques : les derniers jours de la fuite de Ferida et Valenti, et leur ascension depuis leur rencontre en 1936. Les meilleures séquences retrouvent le style du néoréalisme italien (les deux enfants en bicyclette dans l'exposition) ou celui de la comédie des « téléphones blancs » (les marivaudages dans le grand hôtel). Certes, des longueurs se font sentir et contrairement à Nos meilleures années, son chef-d'œuvre, le souffle romanesque manque ici de relief et d'intensité. À l'instar de Giuseppe Tornatore avec Cinema Paradiso (1989), Marco Tullio Giordana restera-t-il l'auteur d'un seul film ? Cela ne justifie pas pour autant l'accueil glacial de ce dernier opus à sa présentation cannoise, puis lors de sa sortie en salles, quand des nanars de premier ordre (celui des frères Larrieu) ont droit aux honneurs du Monde, des Inrockuptibles ou de Télérama. La stigmatisation et le copinage cinématographiques ont encore de beaux jours devant eux...

Gérard Crespo

 


2h28 - Italie / France - Scénario et dialogues : Enzo UNGARI, Leone COLONNA, Marco Tullio GIORDANA - Photo : Roberto FORZA - Décors : Giancarlo BASILI - Musique : Franco PIERSANTI - Montage : Roberto MISSIROLI - Son : Fulgenzio CECCON - Interprétation : Monica BELLUCCI, Alessio BONI, Maurizio DONADONI, Giovanni VISENTIN, Luca ZINGARETTI.

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