Le synopsis : Le documentaire relate le procès du réalisateur Roman Polanski pour le viol d'une mineure de treize ans en 1977. Il revient sur l'enfance polonaise tragique du cinéaste et l'horreur de l'assassinat de son épouse Sharon Tate, en 1969. Harcelé par une certaine presse et un juge opportuniste, Polanski s'intalle en France et ne foulera plus le sol américain.

Notre avis : Biographie non autorisée du grand cinéaste, le film se concentre sur deux des épisodes les plus sombres de sa vie publique et privée. La réalisatrice ne cherche ni à enfoncer ni à glorifier Polanski, mais simplement à relater l'une des chroniques judiciaires les plus médiatisées des années 70. Quelle que soit la part d'ombre de Polanski et sa responsabilité indéniable dans cette histoire de mœurs sordide, on ne peut qu'être abasourdi face à l'acharnement judiciaire disproportionné. L'amalgame entre la teneur horrifique de ses scénarios et les faits divers glauques qui parsèment sa vie ainsi que le puritanisme des Tartuffe des temps modernes sont dépeints avec adresse par Marina Zenovich. On appréciera en particulier les nombreuses archives télévisuelles, des extraits d'œuvres significatives (du Couteau dans l'eau au Locataire), ainsi que les témoignages, trente ans plus tard, des protagonistes de l'affaire ainsi que de plusieurs personnalités du cinéma, dont Mia Farrow, l'interprète de Rosemary's Baby. Le film s'achève par le paradoxe de Polanski, "désiré" en France et "recherché" aux États-Unis, en dépit d'un dossier officieusement clos et d'une reconnaissance indéniable par les instances du cinéma américain, dont les professionnels qui lui décernèrent l'Oscar du meilleur réalisateur pour Le Pianiste, en 2003.

Gérard Crespo