Gomorra
de Matteo Garrone
Sélection officielle
Grand prix

palme

Sortie en salle : 13 août 2008


 




« L'argent n'a pas d'odeur »

N'en déplaise à certains, le fait que Matteo Garrone ait fait une fiction à partir d'une enquête, analysant une situation malheureusement bien réelle, de Roberto Saviano – toujours sous protection policière – n'enlève rien à la lecture du film et à son impact. Gomorra, c'est un extraordinaire matériel qui a généré un excellent film, par définition très bien documenté.
Si l'entrée en matière particulièrement percutante prend place dans une cabine d'UV, le reste de l'action – ou plutôt des actions – se situe presque toujours dans la périphérie crasseuse de Naples, et souvent au quartier Scampia, doté de gigantesques barres d'immeubles communicants qui offrent un décor surréaliste à nombre de scènes choc du film.
Entraînés par deux jeunes bleus, qui finiront par comprendre violemment la différence entre la vraie Camorra et une histoire à la Scarface, le spectateur est propulsé dans certains des innombrables domaines où la pieuvre promène ses tentacules : sans parler des grands classiques, tels drogue ou prostitution, la bête se repaît d'à peu près tout, lavant plus blanc de la haute couture (on salue la prestation de Salvatore Cantalupo dans le rôle de Pasquale) au traitement des déchets toxiques, qui pourrissent depuis des années les sols et sous-sols de La Campanie. Le générique de fin égrène quelques chiffres statistiques aussi édifiants que terrifiants.


Si, e pericoloso : état de guerre, organisation superbement huilée, règne de la terreur… et obligation pour tous d'être pour ou contre. Si on est pour, on accepte toutes les boulots sans état d'âme. Si on est contre, un grand voyage s'impose. Encore que… Les sentences sont des plus expéditives et on ne prend pas de gants pour les exécutions arbitraires, les experts n'ayant pas encore pénétré ce no man's land.
Sans aucuns temps morts (!), Gomorra met brillamment en scène un immense empire, où se brassent des milliards aptes à tout acheter, et dont on se demande avec effroi s'il pourrait survivre autrement : « Grâce à nous, ce pays de merde est dans l'Europe. » Flippant…

Marie-Jo Astic


2h15 - Italie - Scénario et dialogues : Maurizio BRAUCCI, Ugo CHITI, Gianni DI GREGORIO, Massimo GAUDIOSO, Roberto SAVIANO, Matteo GARRONE - Photo : Marco ONORATO - Décors : Paolo BONFINI - Musique : Matthew HERBERT - Montage : Marco SPOLETINI - Son : Maricetta LOMBARDO - Interprétation : Salvatore CANTALUPO, Gianfelice IMPARATO, Maria NAZIONALE, Toni SERVILLO.

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