Le synopsis : La vie quotidienne et amoureuse de sept aveugles : trois couples et une jeune fille.

Notre avis : Le handicap est souvent un sujet ardu qui n'évite ni le piège du didactisme ni celui de la sensiblerie. Après Elle s'appelle Sabine (Quinzaine des Réalisateurs 2007), le bouleversant documentaire de Sandrine Bonnaire, cette semi-fiction échappe aux deux travers, sans voyeurisme ni angélisme. En dépit du dispositif désormais répandu de la fiction reportage (également mis en place dans Je veux voir - Un Certain Regard 2008 - et d'un bel intermède sous-marin en animation, c'est bien d'une approche réaliste qu'il s'agit. Les petits riens de l'existence (se délasser chez le coiffeur, se baigner dans une rivière, tchater sur Internet) sont pourtant empreints d'une insolite poésie, que ne dénigrerait pas un certain cinéma asiatique, celui d'un Eric Khoo (Be with Me) ou d'un Kim Ki-duk.

Amours aveugles s'inscrit en outre dans une certaine tendance des films cannois à traiter la thématique des tabous sexuels. On pourra rapprocher ainsi cet opus de Septième ciel (Un Certain Regard 2008), qui évoquait sans fioriture les rapports charnels du troisième âge.

Enfin, la présence de ce documentaire à la Quinzaine des Réalisateurs permet de découvrir une œuvre slovaque (et de surcroît de qualité) ce qui est particulièrement rare sur nos écrans.

Depuis La Symphonie pastorale (Prix d'interprétation féminine pour Michèle Morgan en 1946), œuvre surestimée à l'époque, et aujourd'hui bien oubliée, jamais le sujet de la cécité n'avait été traité avec tant de délicatesse. Ce n'est pas le moindre mérite de ce documentaire.

Gérard Crespo