« Ne plus parler qu'à son silence »
On entre dans un film d'Atom Egoyan comme on commence un jeu. Et si Adoration n'atteint pas l'excellence d'Exotica ou De beaux lendemains, l'écheveau n'en est pas ici moins excitant à dénouer et la frontière entre vérité et mensonge à percevoir.
Quant à son choix d'aller nous balader sur Internet, on en est étonné qu'il n'y ait pas songé avant. N'est-ce pas en effet un terrain de prédilection pour l'imposture ou encore la non-communication par solitudes interposées.
Simon, adolescent (impeccablement joué par Devon Bostick), filme son grand-père qui parle de Rachel, sa fille adorée et morte, violonniste surdouée, ainsi que de Tom, son fils mal-aimé qui a recueilli Simon lors du fameux drame.
Si drame il y a bien eu, puisqu'il a coûté la vie à la mère de Simon, les pistes sont multiples et mystérieuses qui mènent à la vérité.
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Les chemins emprunteront la classe de français de Simon, où Sabine est professeur, une salle de théâtre, où la même Sabine l'incite à mettre en scène son histoire, puis va se perdre sur Internet, où ladite histoire est donnée en pâture au monde entier qui s'en sert de vain défouloir.
Par absence d'obstacles, les limites ne peuvent ici qu'être dépassées et, s'agissant de terrorisme, les réactions totalement exacerbées.
Simon devient le héros de son mensonge qui prétend que son père aurait utilisé sa mère, alors enceinte de lui, pour en faire une bombe humaine et servir ses intérêts politiques.
La force du réalisateur oblige cependant à nous poser la question : et si c'était vrai ?
Marie-Jo Astic
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