Après s'être attaqué à la General Motors, puis plus largement aux firmes multinationales, ensuite à la vente d'armes libre aux Etats-Unis et enfin au 11 septembre et la guerre en Irak, le vaillant Michael Moore ausculte le système de santé américain avant de le comparer à ceux du Canada, du Royaume-Uni, de la France et de Cuba.
Certains ont une fois de plus crié à l'exagération, qualifiant l'investigateur de petit malin, passé maître dans l'art d'exploiter les faits et données afin qu'ils servent au mieux sa démonstration.
Si exagérations il y a – une famille française moyenne gagnerait un salaire de 8 000 euros, les prétendus "terroristes" seraient mieux soignés à Guantanamo que l'Américain ordinaire dans son pays… – les chiffres de l'OMS concernant les systèmes de santé parlent cependant d'eux-mêmes et confortent le discours de Michel Moore : la France arrive en première position, le Canada au 17e rang, le Royaume-Uni au 18e rang, Cuba obtient la meilleure place des pays d'Amérique Latine et des Caraïbes avec le 23e rang, tandis que les Etats-Unis sont en fait relégués au 54e rang.
C'est ainsi que dans ce pays de près de 300 millions d'habitants, 50 millions n'ont pas d'assurance maladie, car trop onéreuse, celle-ci étant laissée aux mains de compagnies d'assurances milliardaires, expertes à trouver la faille qui leur permettra de se soustraire à leurs engagements de prise en charge des soins. Après les pauvres, les chanceux qui peuvent contracter une assurance sont donc les premières victimes d'un système où les médecins eux-mêmes en arrivent à être responsables de la mort de leurs patients, où les employés desdites assurances restent profondément traumatisés par les conséquences humaines de la machine infernale pour laquelle ils travaillent. Il se trouve aussi que même au niveau du gouvernement, la corruption arrive à avoir raison des meilleures intentions.
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Tout ceci est très sérieux, cependant Made in Michael Moore, les reportages, interviews et commentaires sont le plus souvent désopilants, quelque fois très émouvants et surtout implacablement démonstratifs.
Il lui fallait bien sûr aller voir ailleurs si la santé y est plus florissante que dans le plus grand pays de la planète.
Si les Canadiens pestent sans relâche contre leur système de santé, ils avouent ne vouloir en changer pour rien au monde. En Angleterre, où il à été mis en place dès 1948 au lendemain de la guerre, non seulement on ne vous prend pas d'argent mais il arrive qu'on vous en donne pour rembourser vos frais de transport jusqu'à l'hôpital. Mais c'est vraiment en France (nous sommes dans l'avant Sarkozy !) que, Français ou étranger, l'on atteint le paradis sur terre, que l'on soit malade, que l'on ait des enfants, que l'on déménage, sans parler de la durée des congés et des 35 heures.
Et puisque l'Amérique s'avère incapable de soigner ses héros bénévoles du 11 septembre, Michel Moore les embarque pour Cuba, où ils trouveront, à l'hôpital de La Havane, tout ce que leur pays leur a refusé.
C'est un peu gros ? Peut-être, mais pas sûr. Ce que l'on se demande surtout c'est comment, outre le fait de promettre à certains de ses interlocuteurs le rôle vedette dans son prochain film, Michael Moore fait pour que s'ouvrent ainsi toutes les portes. Difficile, tout en passant du rire aux larmes, de ne pas s'enthousiasmer d'un tel brûlot.
Marie-Jo Astic
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