Après La Blessure en 2004, Nicolas Klotz reste fidèle à la Quinzaine et la gratifie ainsi du meilleur long métrage de son édition 2007.
Dans sa quête sur la forme cinématographique appliquée aux bouleversements de l'époque contemporaine, il associe Elisabeth Perceval à l'écriture et Mathieu Almaric à l'interprétation pour une brillante adaptation du livre de François Emmanuel, La Question humaine.
Troisième volet d'une trilogie qui analyse le sort réservé aux hommes lorsqu'ils ne sont plus considérés que comme un matériau inerte, qu'ils soient pauvres (Paria, La Blessure) ou riches.
« Par où je commence ? » s'interroge la voix off de Simon avant de raconter son histoire. Technicien rigoureux, voire cynique, Simon est cadre dans un complexe pétrochimique. Affecté aux ressources dites humaines, il a en charge de canaliser toutes les énergies en personnel vers le maximum de compétitivité pour l'entreprise, une mission où les “restructurations” s'imposent et la délation règne en maître. Karl Rose, le directeur adjoint, lui demande également d'enquêter sur la santé psychique du P.D.G., Mathias Jüst, sur laquelle il a des doutes.
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Les raisons sont multiples qui feront vaciller la superbe de Simon et ouvriront la porte à un irrémédiable sentiment de culpabilité : Louisa son amie, Paolini ancien formateur de la chorale de l'entreprise, Lucy Jüst…
A la fois film musical et documentaire sur la condition contemporaine des jeunes cadres, fantastique ou solidement ancré dans le réel, La Question humaine fait vivre à Simon l'expérience de la dualité et de la perception d'un présent qui le renvoie irrémédiablement au passé sinistre et opaque de l'extermination de masse opérée pendant la Seconde Guerre mondiale.
Alors que le jargon technique a vidé les mots de leur sens et de leur substance, que la langue a peu à peu absorbé l'humanité du monde, les êtres ne sont plus qu'une matière informe que l'on formate, que l'on élimine et que l'on broie à volonté.
Marie-Jo Astic
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