PVC-1
de Spiros Stathoulopoulos
Quinzaine des réalisateurs
palme



Une bombe qui va exploser, un long plan séquence… ça rappelle le célèbre générique de La Soif du Mal d’Orson Welles. Sauf que dans ce premier film du réalisateur colombien Spiros Stathoulopoulos, la bombe n’est pas dans le coffre d’une voiture amie autour du cou d’une femme et que le plan séquence dure… 1 heure 25 !
Pari assez fou, gagné par le cinéaste qui suit lui-même les personnages à la steadycam à la manière d’un reportage avec un fort ressenti de réalité.
L’histoire de cette famille à qui des terroristes, aussi dangereux et déterminés qu’amateurs, réclament une forte rançon, provient d’un fait divers authentique survenu en 2000 dans la vie de Elvin Cortez. Cette femme va porter pendant près d’une heure trente le poids de sa vie et de celle de sa famille sous la forme d’un « collier » bricolé de tuyau en PVC (d’où le titre PVC-1, 1 pour one shot) refermant une bombe qui peut exploser à tout moment. On imagine sans peine la complexité de la mise en place d’un tel tournage.


Si ce dernier ne peut souffrir la comparaison avec le sublime plan séquence qu’est L’Arche russe de Sokourov, autre rare expérience du "film/plan", Stathoulopoulos maîtrise sa mise en place en maintenant une tension en permanence, tout en ponctuant son récit de petits moments de respiration tragi-cocasses.
Reste un souci, sans doute le seul de ce premier film (d)étonnant, souci qui rappelle à notre souvenir le célèbre aphorisme attribué à Godard : « Le travelling est affaire de morale »… En effet, beaucoup de mouvements de caméra sont ici "utilitaires" du fait de l’impossibilité d’un champ/contrechamp ou d’un montage alterné. Cependant, ces travellings qui ne se veulent que syntaxiques, portent en eux une force pas toujours assumée ou bien entrent en contresens de la narration (ressenti non à propos d’une caméra subjective).
Cette réserve n’ôte à PVC-1 ni ses qualités relatives à l’originalité de sa forme filmique ni sa puissance narrative.

Jean Gouny


1h25 - Colombie - Scénario : Spiros Stathoulopoulos, Dwight Istanbulian - Photo : Spiros Stathoulopoulos - Décors : Luisa Uribe - Musique : Pascal Tiger - Montage : - - Son : Spiros Stathoulopoulos - Interprétation : Merida Urquia, Daniel Paez, Alberto Sornoza, Hugo Pereira.

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