Ploy de Pen-ek Ratanaruang Quinzaine des réalisateurs |
Le cinéma thaïlandais est sans doute le plus décalé de la filmographie asiatique. Comme son compatriote Apichatpong Weerasethakul (mais avec moins de maîtrise), Pen-ek Ratanaruang manie avec habileté la carte de l'étrange et du détournement de spectateur. Sur le papier, le scénario est minimaliste : plusieurs personnages peuplent un grand hôtel de Bangkok : un couple de quadragénaires en voie de « péremption », selon les termes du mari, qui semble de plus en en plus indifférent à sa belle épouse, ancienne star de cinéma; une adolescente « ni ringarde, ni branchée », qui attend sa maman en provenance de Suède ; deux employés de l'hôtel se livrant à de torrides ébats après leur service ; et un homme mystérieux, en fait dangereux maniaque, qui tournera autour de l'ex-actrice. |
Le réalisateur est à l'aise dans l'art de nous envoûter par d'insolites digressions qui font déraper le récit dans la voie du rêve éveillé quand ce n'est pas du pur cauchemar. La séquence à la campagne, devant une maison abandonnée, est à ce titre particulièrement effrayante. Bien sûr, les références sont manifestes. Selon ses goûts et son humeur, on retrouvera les ombres de Antonioni, Buñuel, Coppola fille, Lynch, Tsai Ming-liang ou Wong Kar-wai, et même le Rossellini de Voyage en Italie dans le dénouement faussement heureux. Gérard Crespo
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1h47 - Thaïlande - Scénario : Pen-ek Ratanaruang - Photo : Chankit Chamnivikaipong - Décors : Saksiri Chantarangsri, Wittaya Chaimongkol - Musique : Hualampong Riddim, Koichi Shimizu - Montage : Patamanadda Yukol - Son : Akritchalerm Kalayanamitr, Koichi Shimizu - Interprétation
: Lalita Panyopas, Pornwut Sarasin, Apinya Sakuljaroensuk, Phornthip Papanai, Ananda Everingham. |