L'Homme de main
Retrieval - Z odzysku
Slawomir Fabicki
Sélection officielle
Un certain regard
Mention spéciale du jury œcuménique

content


Contrairement aux  films asiatiques ou argentins, le cinéma polonais n’est pas fashion et ne bénéficie pas d’une couverture médiatique excessive. La réussite de cet Homme de main doit alors être soulignée d’autant plus  qu’il s’agit d’une première œuvre.
Slawomir Fabicki pourrait être un petit cousin polonais de Ken Loach, celui de Regards et sourires et Ladybird. Un noir et blanc sobre ne sert aucunement à magnifier une cité ouvrière de Silésie, région sinistrée avec ses dernières usines sortant des fumées toxiques, ses campagnes sans avenir et sa population à la dérive. Le rêve européen ne s’incarne pas ici dans la volonté d’émigration d’un plombier mais dans le désir pour un jeune homme d’avoir sa part de gâteau. Comme Alain Delon dans Rocco et ses frères, Wojtek (Antoni Pawlicki, une révélation) cherche dans les combats de boxe un palliatif à son existence laborieuse, entre un grand-père autoritaire qui ne lui propose rien d’autre que de l’assister dans sa porcherie, une mère absente, et une maîtresse plus âgée, Katja,  pour laquelle il est prêt à pactiser avec le diable.


Celui-ci prendra le visage de l’obscur dirigeant d’une société de sécurité, vitrine d’une douteuse activité de prêt sur gages. Ce “méchant” de l’histoire, mafioso redoutable et gourou sans charisme, sera à l’origine des gains monétaires de Wojtek mais aussi de sa perdition morale. Sommé de casser la figure à des débiteurs étourdis, l’adolescent qui n’aurait fait aucun mal à un chiot se mue en petit malfrat sans scrupules.
Les plus beaux moments du film restent ses altercations et réconciliations amoureuses avec Katja. Immigrée ukrainienne sans papiers et mère d’un petit garçon, la jeune femme est partagée entre son amour pour Wojtek et son souci de dignité humaine. Un personnage attachant auquel l’actrice Nataliya Vdovina prête sa grâce et son jeu sensible.
Mêlant avec habileté les tendances du cinéma intimiste, du polar, et de la critique sociale, L'Homme de main est en outre une œuvre efficace qui devrait toucher un large public. Son dénouement ouvert n’est pas la moindre finesse du scénario.

Gérard Crespo


1h40 -Pologne - Scénario, dialogues : Slawomir Fabicki, Denijal Hasanovic, Marek Pruchniewski - Photo : Bogumil godfrejow - Décors : Wojciech Zogala - Son : Piotre Knop, Michael Zarnecki, Joanna Napieralska - Montage : Jaroslaw Kaminski - Interprétation : antoni Pawlicki, Nataliya Vdovina, Jacek Braciak, Dmytro Melnychuk.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS