Pingpong
Matthias Luthardt
Semaine internationale de la critique
Prix SACD
Prix de la Toute jeune critique

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Une famille en trompe l’œil

Un plan fixe : une maison nous apparaît, close et impassible. Un adolescent, Paul, un sac de voyage sur le dos, sonne à la porte.
Mathias Luthardt nous introduit immédiatement dans un huis clos étouffant et malsain au sein d’une famille bourgeoise.
La mère, dès sa première apparition, est présentée sous un angle érotique. Elle va se révéler comme un tyran domestique envers son chien, ses proches et tout particulièrement envers son neveu, Paul qui s’est immiscé à l'improviste dans cette famille.
Paul, subjugué par sa tante, va tenter de la séduire (profitant de l’absence du père). Mais ce dernier va se retrouver manipulé par Anna au même titre que son cousin Robert et son chien Schumann (!)
La grande force du metteur en scène, c’est de créer tout un jeu de correspondances et d’oppositions “ ping-pong “ entre tous les personnages et notamment le chien. En effet, Paul, va se soumettre aux volontés de tous : tel un chien, il dort par terre.

Le réalisateur introduit donc continuellement des éléments détonateurs pour intensifier l’atmosphère ambigüe et menaçante du film qui aboutit à un inceste entre Paul et Anna. La mort, le sang, sont omniprésents. Les guêpes, le lac pollué, les poissons morts, semblent révéler les faux semblants de la famille.
Tout est sujet à alimenter les tensions : le piano, le ping-pong... Paul, intrus, soumis puis révolté, évolue dans cette famille qui masque ses fissures par ses non-dits.
Révolté, oui! la scène de la piscine, où il s’immerge nous laisse soupçonner une fin tragique digne d’un drame racinien.
Mais le cinéaste, avec une efficacité maligne, opère un transfert sur le chien que Paul assassine avec la complicité tacite de son cousin.
Ainsi, M. Luthardt a exposé avec une grande subtilité l’évolution jusqu’à la destruction de l’emprise de la mère sur les protagonistes.
Plus de piano, plus de chien… mais une nouvelle piscine !

La toute jeune critique
Crance Philouze Coline
Bideau Gabriel
Lycée Guist’hau de Nantes


1h29 – Allemagne - Scénario : Meike Hauck, Matthias Luthardt - Image : Christian Marohl - Son : Jacob Ilgner - Décors : Friederike Hagen - Montage : Florian Miosge - Musique : Matthias Petsche - Interprètes : Sebastian Urzendowsky, Marion Mitterhammer, Clemens Berg, Falk Rockstroh.

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