Komma
Martine Doyen
Semaine internationale de la critique

content


Point de rupture

Que faire quand on se réveille dans une chambre froide, avec devant soi la possibilité de recommencer sa vie ? Peter De Witt, lui, se choisit une nouvelle identité, celle de Lars Erickson, homme d’affaire Suédois. Ce mythomane improvisé rencontre par hasard une cendrillon amnésique, Lucie. Cette artiste déjà un peu névrosée et sous l’emprise de sa mère qui, elle, l’est franchement, a perdu la mémoire lors d’une de ses expositions. « Lars » comble ce vide en leur inventant un passé commun qui commence de façon excentrique au Pérou. Par intuition, il l’emmène au château de Neuschwanstein, dans une Bavière enneigée aux allures de conte de fée. Au cours du séjour, chacun apprend à se connaître et à découvrir l’autre.
Le premier long métrage de Martine Doyen est un film qui malgré quelques longueurs reste original, alliant violence et tendresse.

Celle-ci est transcrite par des plans rapprochés qui semblent caresser les personnages et capter leurs émotions. Quant à la violence, elle est traduite par une omniprésence du thanatos, suggéré par une lumière blanche que l’on retrouve au début et à la fin du film. En effet, le premier plan nous montre le protagoniste enfermé dans un sac à la morgue, tandis que dans le dernier on le voit suspendu à une branche dans un paysage qui a pour linceul la neige. Ainsi, même si l’on a pu croire que l’arrivée de Lucie allait insuffler la vie à Peter, cet espoir semble déçu puisque ce qui avait commencé dans le funèbre finit dans le funèbre. Cependant, l’atmosphère féerique en partie due aux références à certains contes, comme lorsque Lucie se pique le doigt, laisse la fin ouverte. Une renaissance ?

La toute jeune critique
Bénédicte Didier
Emilie Jouffroy
Salomé Berloux
Raphaëlle Charpin
Lycée Alain Colas, Nevers


Folie déjantée

Komma est un immense puzzle. Si par un immense hasard, le spectateur arrivait à assembler toutes les pièces, il n’obtiendrait qu’une image brouillée.
Décrire Komma est très difficile, on peut dire de quelqu’un qu’il est fou, mais je voudrais dire que ce film est fou. Les personnages sont totalement irréels. L’homme Peter de Wit se réveille à la morgue puis se reconstruit, à l’aide de mensonges permanents, une vie. Il rencontre Lucie, une jeune femme désemparée, droguée à l’acupuncture, si l’on considère l’acupuncture comme une drogue. Si l’un se réinvente une vie au Pérou, des racines suédoises et même une identité, l’autre se perd, devient amnésique. L’un frôle le ridicule, l’autre sombre dans la névrose : la balance est équilibrée.
Martine Doyen nous livre une comédie ‘‘romandratique’’. Ce film est touchant par ses répliques anodines telles que « tu m’aimes ? tu es mon amoureux ? »

Le spectateur est projeté dans les contes de son enfance, notamment avec la scène de la chaussure trouvée au milieu de l’escalier. Était-elle en vair ?
Laissons Cendrillon de côté et intéressons-nous au prince charmant, Peter de Wit, accessoirement Lars Erickson. Il emmène sa belle dans un château (château de Neuschwanstein appartenant à Louis II, le roi fou, solitaire, adepte du romantisme), la belle se réveillera (non, il n’y aura pas de baiser !) et recouvrera sa mémoire. Le prince charmant a réussi à délivrer la princesse de ses tourments (et de ses aiguilles). Ayant mené à terme sa mission, notre anti-prince déjanté se trouvera après quelques péripéties suspendu dans le vide, à une branche d’arbre.
Vous pouvez applaudir et vous indignez « Quoi ? c’est la fin ? » avant qu’un sentiment d’incompréhension ne vous gagne et qu’enfin, vous vous dîtes « Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime ce film. »

La toute jeune critique
Aurélie Belin


Réveils ensommeillés

Un mythomane et une amnésique se rencontrent. Curieux couple !

La toile soyeuse qui recouvre les plans reflète t-elle une couche protectrice ? Avons-nous à faire à des personnages qui se cachent ? En vérité, Lucy semble chercher sa véritable identité tandis que Peter, en se réveillant étrangement dans une salle mortuaire, s’en approprie une nouvelle.
Martine Doyen, dans Komma, nous offre volontairement quelques images floues, troubles ; une perte de conscience, une rupture entre le feu et l’eau, un passage entre le chaud et le froid. D’ailleurs, le mot Komma en Flamand et en Suédois signifie “une rupture, un passage vers”… Le verre qui se fissure est peut-être une image du puzzle qui ne cesse de se dégrader.

Tout se passe comme si l’incompréhension régnait, l’entourage de Lucy est, à ce sujet, révélateur.
Les deux personnages principaux s’éloignent de leur solitude et, comme par magie, ils se trouvent. Peter / Lars, retrouve la chaussure de Lucy / Cendrillon comme un prince charmant…
Lucy est une femme sensible et tendre qui apprécie beaucoup le côté charmeur et protecteur de son nouveau compagnon. La musique, calme et douce, un peu voilée, renforce la relation complexe des deux personnages.
A la fin, les paysages blancs, la neige, nous annoncent-ils un retour au calme, un apaisement nouveau ou futur?
Peter pourra t-il combler la pièce manquante du puzzle, brisée par Edouard ? Ou par Lady Bruckner, la mère névrosée de Lucy ?

La toute jeune critique
Audrey Trousselle


Dans la bruyante Bruxelles, deux personnages s’éveillent à une nouvelle vie. L’homme prend l’identité d’une personne décédée, Lars Ericsson, et le femme, Lucie, tente de fuir un lourd passé.
Leurs chemins se croisent tels Cendrillon et son prince charmant : une idylle se crée entre ces deux “amnésiques”. Ils s’inventent un passé en commun pour débuter une nouvelle vie. On retrouve dans ce film la symbolique du conte de fée, de la pantoufle de Cendrillon au château et fuseau de la Belle au bois dormant,. Lars et Lucie rêvent au milieu de ces contes de fées pervertis et détournés de leur féerie originelle.
Komma de Martine Doyen met en avant la pluralité des identités belges ; d’où l’incapacité du personnage masculin à s’adapter dans son pays. Il se fait passer pour un Suédois et se trouve attiré par le monde atypique de la Chine : on retrouve son miroir au travers d’un musicien européen chantant en chinois.

Lucie, elle, trouve une échappatoire à sa vie dans un art violent qui oppose deux éléments contradictoires : l’eau, représentant la froideur et l’envahissement de sa mère et le feu, celui de la violence de son amant ; jusqu’au point de rupture. Cette destruction symbolise une destruction affective.
Malgré leur désespoir, la vie s’accroche à eux alors qu’ils sont plusieurs fois confrontés à la mort.
La caméra fixe avec douceur et pudeur la solitude de ces êtres alors qu’il s’agit de caractères violents et dérangeants. Des images floues traduisent le malaise des personnages. L’alternance de plans larges et de très gros plans caractérisent leur instabilité.
De la tentaculaire et nocturne capitale européenne aux grandioses montagnes enneigées de Bavière, les décors cernent ces âmes discrètes et fantômatiques.
Un cinéma de suggestion, bercé d’une douce violence.

La toute jeune critique
Liza Kesbi
Laure Salle
Lycée Bristol, Cannes


Un homme. Une femme. Il se réveille dans une morgue. Elle est au bord du suicide. Ils se rencontrent. Petit à petit, on découvre qu’il est mythomane et qu’elle est amnésique.
L’histoire semble simple mais elle se révèle compliquée. Les changements de lieux sont brutaux et nombreux : de la morgue à des ruelles glauques, de l’hôtel à une galerie d’art, etc. Les ellipses temporelles sont fréquentes : par exemple, les personnages passent de la Belgique à la Bavière en quelques secondes. Les deux personnages principaux, Lucie et Peter, sont difficiles à cerner. On ne connaît rien de leur passé. Peter est mystérieux : pourquoi a-t-il changé d’identité ? Est-il vraiment allé au Pérou et à Hong-Kong comme il le prétend ? Lucie semble désespérée alors qu’elle est une artiste reconnue. Est-elle vraiment amnésique ou refuse t-elle de se souvenir de ce qui la dérange ?
Les nombreux gros plans sur les visages montrent les marques laissées par la vie : maquillage qui coule, sang séché, rides,… Martine Doyen ne cherche pas à embellir ses personnages.

Peter, drôle de prince charmant, amène Lucie en Bavière près du château de La Belle au bois dormant. Ce voyage permet de compléter le puzzle du passé de Lucie, notamment grâce à un flash-back qui laisse supposer un viol dans son enfance. Lucie devient plus sereine. Peter, lui, s’enfuit, ivre.
La fin peut être interprétée de différentes manières : Peter accroché à une branche s’accroche à la vie. La fin reste ouverte. Va-t-il tomber ?
Komma, le premier long-métrage de la réalisatrice belge Martine Doyen aborde un sujet intéressant mais l’histoire est statique, il y a peu d’évolution. Il reste trop de zones mystérieuses pour que le spectateur croie à cette histoire.

La toute jeune critique
Alexandra Mignien
Mélanie Teixeira
Ketty Luntala
Diana Djambou
Lycée Surger, St-Denis


1h30 –- Belgique - Scénario : Martine Doyen, Valérie Le Maitre - Image : Hugue Poulain - Son : Manu De Boissieu –- Décors : Valérie Grall - Montage : Mathyas Verres - Musique : Jeff Mercelis - Interprètes : Arno, Valérie Le Maitre.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS