Changement d'adresse |
Comment décrire l’expression d’Emmanuel Mouret, qu’il
cultive particulièrement – et il aurait tort de ne pas le
faire – dans Changement d’adresse : ce qui
se lit sur son visage, avant que cela ne s’exprime dans les faits,
le mot action étant résolument trop fort, et qui fait le
bonheur de son jeu s’apparente à l’éternelle
surprise, la maladresse, une sorte d’hébétude intelligente,
bref quelque chose de naturel et d’unique. |
Tous les deux vont tomber raides amoureux, elle d’un
certain Gabriel, qu’elle tient pour l’ange de sa vie depuis
qu’il est
venu faire une photocopie dans sa boutique, lui de Julia à qui
il donne des cours de cor, à la demande insistante de la mère
désespérant de voir un jour sa trop sérieuse fille
sortir le nez de ses bouquins et désirant la voir vivre comme
le font celles de son âge. On salue ici la partition d’Ariane
Ascaride, une femme en pleine forme comme bien des mères de famille
qui ont crevé les écrans de ce Festival. Julia (Fanny Valette)
ne semble pas plus sensible que ça aux charmes du cor non plus
qu’à ceux de David, mais peu importe, lui y croit. Puis
il n’y croit plus… Car, sans aucun répit, chaque
personnage joue de son ambivalence, avançant pour mieux reculer,
stratégie imparable pour créer l’attente chez le
spectateur. Chacun garde aussi une sorte d’élégance
innée, bannissant la rancœur et préférant
jouer intelligemment sur ses maux et sur les mots dans un univers léger,
frais, mélancolique et plein d’humour. |
1h25 – France - Scénario : Emmanuel Mouret - Image : Laurent Desnet - Son : Maxime Cavaudan, Ludovic Escalier - Décors : David Faivre - Montage : Martial Salomon - Musique : Franck Sforza - Interprètes : Frédérique Bel, Fanny Valette, Dany Brillant, Emmanuel Mouret et avec la participation amicale d’Ariane Ascaride. |