Une première réalisation faite par
l’as des scénaristes, Jacques Fieschi, qui pourtant a préféré l'adaptation (Chemin
sans issue de
Georges Simenon) à une création, une interprétation
hors pair, encore que Nathalie Baye commence à s’installer
sérieusement
dans des rôles de poivrote excitée, une histoire riche,
des rapports humains intéressants.
Alors, pourquoi La Californie laisse-t-il
cette impression de caricature poisseuse et pitoyable qui finalement
vous pousse à le condamner ?
Maguy, demi-vieille apparemment
pleine aux as, entretient dans sa villa de la Californie de Cannes
(mais le tournage s’est
fait à Croissy-sur-Seine) sa bande : une vraie vieille (Mylène
Demongeot impeccable, genre ex-pute, mais super gentille copine), un
couple de gays dont l’un procède au brushing matinal
de madame lorsqu’elle se réveille “chiffon” de
ses sorties nocturnes (l’autre servant à l’un), l’amant
Mirko qui se sert copieusement en billets de banque dans le sac et la
carte bleue de Maguy sous prétexte d’assumer l’intendance
de la maison, et Stefan, l’ami de Mirko, tous deux venus d’ex-Yougoslavie.
Si Stefan apporte la meilleure contribution qu’il peut pour justifier
de se faire entretenir, il préfère habiter sur le bateau
que Maguy a au port Canto (et qui n’a jamais atteint les îles
de Lérins pour cause de mal de mer se sa “propriétaire”).
Parmi
tout ce beau monde oisif, dont le seul souci est de savoir « Où est-ce
qu’on sort ce soir ? » débarque
la fille de Maguy, Hélène, après une interruption
de relation totale avec sa mère de neuf ans.
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Jetant très (mais alors
très) rapidement son dévolu sur Stefan, la jeune fille
va provoquer la petite fêlure suffisante à l’effondrement
de ce décor de paillettes, tandis qu’elle seule parviendra à faire
en toute sérénité son petit bonhomme de chemin
(pas si bête !) : haine de Mirko qui perd son ami,
haine de Maguy qui perd son amour, car amour il y a, même si
chacun le vit en décalage par rapport à l’autre.
Chez l’un la violence monte, chez l’autre
l’agressivité envers ces “gens” sans lesquels
elle ne pourrait survivre, mais à qui elle rappelle de façon
de plus en plus fréquente et humiliante qu’ils ne seraient
rien sans elle.
Ici tout est en toc, y compris la présumée fortune de Maguy,
qui se transforme en peau de chagrin et s’émiette à l’instar
de la grande Yougoslavie devenue une toute petite Serbie, dont Mirko
et Stefan ont honte. En toc aussi l’absence de regrets que proclame
Maguy lorsqu’elle se retourne sur son passé et qu’elle évoque
son mode de vie.
Maguy, la reine de la Californie, est bien sûr (on s'en doute
dès le début) plus que tout autre fragile, tandis que son
fardeau ne cesse de s'alourdir. C’est
cette surcharge pesante et ostentatoire aussi bien dans la fausse opulence
que dans la détresse psychologique qui finalement provoque un
certain dégoût.
Il en aurait pourtant fallu peu pour éviter
le ratage.
Marie-Jo Astic |