A Scanner Darkly
Richard Linklater
Sélection officielle
Un certain regard


trè content

a scanner darkly

A Scanner Darlky contribue à la vague de qualité du cinéma d’animation, d’ailleurs bien représenté à Cannes cette année (Nos voisins les hommes, Princess). C’est aussi le deuxième film présenté en quelques jours en sélection officielle par Richard Linklater qui apparaît désormais comme un dénonciateur d’une certaine Amérique (Fast Food Nation). Mais ici, la réussite est totale.
Techniquement, le cinéaste a en premier lieu colorié la pellicule puis filmé ses “vrais” acteurs. La technologie numérique a ensuite permis l’utilisation d’un logiciel afin de superposer prises de vue réelles et création iconographique. Le procédé avait déjà été quelque peu utilisé dans Renaissance, film français de Christian Volckman sorti il y a quelques mois. Le résultat est saisissant. À mi-chemin entre le film live et le dessin animé, il constitue un objet hybride bien adapté à la teneur du scénario et au climat d’étrangeté qui imprègne l’œuvre. Adapté d’un roman à succès, il recrée un contexte fantastique, mais le réalisateur affirme qu’il  « n'est pas un film de science-fiction, car nous vivons la science-fiction au quotidien. »

 


La critique du Patriot Act et de la paranoïa ambiante n’est pas le moindre intérêt de cette histoire basée sur un trame originale. En 2013, dans une Amérique confondant combat contre la drogue et lutte contre le terrorisme, un policier se voit donner l’ordre de s’infiltrer auprès de ses propres amis, avant de devoir s’espionner lui-même. Le clou est une tenue de camouflage brouillée, qui permet de changer d’apparence chaque seconde. La drogue consommée par le flic lui faisant confondre réalité et imaginaire, la narration n’en est que plus brouillée, dans une complexité digne du Grand sommeil. Pourtant, Linklater réussit à nous scotcher à l’écran tant la fascination envers cette œuvre singulière est immense.
L’extravagant Robert Downey Jr. (Short Cuts, Good Night and Good Luck)  dans le film comme dans la salle lors de l’avant-première mondiale, a volé aisément la vedette à un Keanu Reeves barbu. Il serait temps que le cinéma américain trouve à ce grand acteur les grands rôles qu’il mérite.

Gérard Crespo


1h40 - USA - Scénario, dialogues : Richard Linklater - Photo : Shane F. Kelly - Décors : Bruce Curtis - Musique : Graham Reynolds - Montage : Sandra Adair - Interprétation : Keanu reeves, Robert Downey Jr, Woody Harrrelson, Winona Ryder, Rory Cochrane - Animation : Bob Sabiston, Jason Archer, Paul Beck.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS