Vento
di terra Vincenzo Marra Semaine Internationale de la Critique |
Le
néoréalisme n’est pas mort, et le bon cinéma
italien non plus. C’est ce que confirme cette œuvre austère
(trop sans doute…) d’un digne héritier de Rossellini
et De Sica, dont nous avions pu apprécier Tornando a casa, chronique
de pêcheurs clandestins. En quelques mois, l’existence
de Vincenzo devient un chemin de croix : après la mort de son
père, il doit subvenir aux besoins de sa mère usée
par des travaux de couture et de sa sœur contrainte à changer
de région. Harcelée par un propriétaire réclamant
ses créances pour retard de paiement, la famille s’enfonce
dans la désaffiliation sociale et le jeune homme se doit de
s’engager dans l’armée. Le description de la pauvreté du
Mezzogiorno est sans concessions : HLM délabrés, Etat-providence
démissionnaire, réseaux de voisinage et de parenté délités.
La critique d’une société italienne à deux
vitesses prolonge, après plus d’un demi-siècle,
le regard désenchanté du Voleur de bicyclette et de Paisà,
et le cinéaste refuse tout ornement factice :
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ici, point de personnages pittoresques, d’humour décalé ou d’enfant attendrissant. Ce regard pessimiste est d’autant plus oppressant que le scénario accumule les « péripéties » dramatiques : tentative de suicide de la mère qui dérive vers la folie, vieil oncle libidineux tenté par l’inceste, maladie contractée lors d’une mission militaire au Kosovo. On pourra trouver ce cocktail un peu corsé mais il faut y voir aussi le fruit d’une vision jusqu’au-boutiste du réalisateur. Tel quel, Vento di terra prouve que le cinéma transalpin actuel, pourtant auréolé de quelques titres de qualité (Nos meilleures années, Romanzo criminale…) ne mérite pas la condescendance avec lequel il est parfois traité.
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1h22 - Italie - 2004 - Scénario : Vincenzo Marra - Photo : Mario Amura - Son : Alessandro Rolla - Montage : Luca Beneditti - Interprétation : Vincenzo Pacilli, Vincenza Modica, Giovanna Ribera, Edoardo Melone. |