« A
tous ceux qui ont franchi les mers pour nous enrichir. »
La dédicace
finale résume les bonnes intentions de Travaux et de son
héroïne, Chantal
Letellier, militante de tous les instants en faveur des immigrés et
de la défense de leurs droits. Car Chantal est aussi avocate spécialisée ès
sans-papiers et gagne les causes de ses protégés, laissant le jury
et la cour sans voix et conquis au terme de séances effrénées de breakdance,
utilisé comme arme fatale de ses plaidoiries.
C’est la première scène du film et, à partir de là de l’instant où on se remet
de sa surprise, où on s’interroge sur le style adopté par Brigitte Roüan, où on
s’étonne du jeu déjanté de Carole Bouquet on adhère ou non à cette comédie
pure, qui vous immerge dans un chaos ininterrompu de vacarme et hurlements.
Chantal
vit avec ses deux enfants, style ados capricieux et plutôt incontrôlables,
et
de manifs en plaidoirie, consacre peu de temps à sa vie amoureuse. Il lui arrive
toutefois de faire une entorse à la règle et de se laisser séduire par un de
ses clients.
Comme le film va d’énormité en énormité, elle jette son dévolu sur le gros et
jovial Frankie Poncin (Jean-Pierre Castaldi) pour former un couple totalement
improbable.
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Comme
le film va d’énormité en énormité, elle jette son dévolu sur
le gros et jovial Frankie Poncin (Jean-Pierre Castaldi) pour former un couple
totalement improbable.
A tel point que Chantal commence à trouver envahissant
cet amant-là et cherche un prétexte pour le faire déserter son appartement.
Quelque
chose comme des travaux… : un jeune couple, hébergé gratuitement au grenier,
s’en va et ce sera l’occasion d’aménager un petit studio pour le fiston. Il suffira
de percer le plafond et d’installer « un tout petit escalier » en colimaçon.
Ç
a
tombe bien aussi, Chantal vient de faire régulariser un jeune architecte colombien
et lui confie le bon déroulement de ces aménagements. Lequel investit, atomise
et ventile l’appartement, copieusement aidé par une équipe de bras cassés qui
du
jour
au
lendemain
s’improvisent plombier, maçon ou électricien. Décidément il vaut mieux aller
manifester pour les sans papiers que de les avoir à la maison.
Il s’agit alors
de savoir jusqu’où tiendra l’endurance de Chantal, toujours agrippée à une bonne
conscience qui est devenue sa compagne de vie : « Un immigré, c’est sacré. » Travaux,
c’est beaucoup de bruit… pour rien diront certains… pour une comédie généreuse
et pleine de trouvailles diront d’autres.
Marie-Jo Astic
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