The President’s Last Bang
Gu tte gu sa ram dul

Im Sang-soo
Quinzaine des réalisateurs
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26 octobre 1979 à Séoul. Un dîner privé réunit pour une soirée le président de la République Park Chung-Hee et ses trois plus proches collaborateurs : son chef de sécurité, son secrétaire et Kim, le directeur de la CIA coréenne. Alors que tous trois se disputent les faveurs du président, que tout est fait pour distraire ces personnages à la tête de l’État coréen, la caméra de Im Sang-Soo révèle dans ses travellings latéraux la tension d’un complot qui se prépare.
The President’s Last Bang aura eu moins l’effet d’une bombe dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs que sur les écrans coréens, où il est apparu comme l’un des films politiques les plus audacieux jamais réalisés dans le pays. Le réalisateur d’Une Femme coréenne (2003) met en lumière l’héritage politique fait à sa génération, avec un point de vue critique et sans complaisance sur le pouvoir politique.
Vingt ans de dictature qui, si elle a permis de faire accéder le pays à la compétition économique internationale, a muselé son peuple par une hégémonie militaire. Le sujet est si sensible encore que le film a connu la censure dans son pays, notamment en imposant de supprimer deux séquences d’images d’archives, avec la crainte de confusion entre la fiction et le réel…

Le propre fils du défunt président, Park Ji-man, intenta un procès afin de bloquer la sortie du film, la cour l’ayant finalement autorisée, après les quelques coupes.
Im Sang-Soo a eu la bonne idée de sortir d’une pure reconstitution historique et d’adopter une narration davantage tournée vers le thriller flirtant souvent avec la comédie noire. On pourrait aller jusqu’à voir un héritage de Sam Peckinpah dans la mise en scène du cinéaste coréen, ce dernier ne reculant pas devant une violence extrême et esthétisante.
En brouillant quelque peu les cartes entre réalité historique et fiction assumée, avec quelques pincées de burlesque (une panne de courant impromptue, la chute d’un garde dans un escalier, le képi du général masquant discrètement le sexe du président mort lors de d’identification du corps), Im Sang-Soo se permet ainsi d’interpeller avec irrévérence et ironie sur l’ambiguïté de la mémoire collective du pays tout autant que sur son futur.

Jean Gouny


1h42 - Corée - Scénario : Im Sang-soo - Photo : Kim Sukwon, Han Chulhee - Décors : Lee Minbok - Son : Kim Sukwon, Han Chulhee - Musique : Kim Hongjip - Montage : Lee Eunsoo - Interprétation : Han Sukgyu, Baik Yoonshik, Song Jaeho, Kim Eungsoo, Jeong Wonjoong, Kwon Byunggil.

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