Orlando Vargas
Juan Pittaluga
Semaine Internationale de la Critique
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Orlando Vargas, diplomate français en Uruguay, est doucement prié de s’exiler, de partir de la ville. Il loue donc une maison pour cinq jours et emmène sa famille en bord de mer. Il ne reviendra pas. Film émouvant, Orlando Vargas, parle de la vie tragique d’un personnage tiraillé entre présence et absence tout comme le film lui-même. C’est d’abord un film sur l’absence, l’absence de ce personnage, énigmatique. Présent à l’écran, mais tellement loin de nous par son manque d’expression, de réactions face à ceux qui l’excluent du monde.
Son absence est ensuite physique, après sa disparition, dans le lieu de l’exil. Pourtant c’est après s’être évaporé qu’il semble le plus présent. Comme dissout dans cette nature si vaste, Orlando semble maintenant appartenir à celle-ci, en être un constituant à part entière.
Cette dissolution, cette assimilation à la nature est très

bien marquée, notamment par de longs plans larges qui confondent le personnage et le paysage, et d’autres où le cadre semble vide, mais est en fait empli, de chaque particule du corps et de l’esprit du héros disparu.

Les fragments éparpillés du personnage semblent toutefois se condenser en corps, celui du phoque. Ce corps mort sur la plage est la figure, récurrente, du corps absent de Vargas.
En effet, sa femme ­ et le policier- se recueillent sur cette dépouille. Les deux corps sont encore confondus lorsque le policier ramène en ville, sous une bâche, un cadavre, laissant le spectateur hésiter quant à son identité. Dans ce film de nombreuses questions restent en suspens. Le réalisateur travaille le mystère dans la mise en scène et laisse le film ouvert à de nombreuses interprétations. Inspiré de la vie de son père, ce film de Juan Pittaluga est un voyage , un effacement progressif du personnage en même temps qu’une élévation de son être, avant tout, un mode de résistance face aux pressions d’un pays qui bascule.

Brieuc Etrillard
Lycée Paul Valéry


1h20 - Uruguay/France - Scénario : Juan Pittaluga - Photo : Chrystel Fournier - Décors : Raquel Armas - Son : César Lamschtein - Montage : Claudio Hughes - Interprétation : Aurélien Recoing, Elina Löwensohn, Diego Bernabe, Hector Guido, Ximena Decuadro.

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