Odete João Pedro Rodrigues Quinzaine des réalisateurs |
Le
scénario de Odete pourrait faire croire à un mauvais mélodrame ou l’œuvre
d’un Fassbinder de seconde catégorie. Et pourtant il n’en est rien.
Certes, il est difficile de croire à ces deux destinées croisées. Odete,
employée dans un supermarché, quitte son amant du moment et part assumer
seule sa future maternité. En parallèle, deux garçons, Rui et Pedro,
s’embrassent dans un bar et se jurent un amour éternel, mais Pedro
sera tué dans un accident peu après.
Nous découvrons bientôt qu’Odete était aussi sa maîtresse, et qu’il était l’homme de sa vie. Appelée par le fantôme de Pedro, la jeune femme sympathise avec sa mère, s’endort tous les soirs sur sa tombe, et ira jusqu’à courtiser Rui dans un processus d’identification qui glisse vers la schizophrénie. João Pedro Rodrigues n’est pas un inconnu et pratique un cinéma épuré, avec très peu de dialogues, dans une mise en scène qui n’est pas sans évoquer l’œuvre de Bresson. |
À l’érotisme sur papier glacé, il préfère le dépouillement
et la sécheresse, sans insister réellement sur les motivations de ses
personnages. Seuls des extraits de la mélodie de Henry Mancini (Diamants
sur canapé), déjà réutilisée dans Rois et reine viennent
ici adoucir la dureté de l’histoire. Les amateurs de récits « politiquement
corrects » et rassurants trouveront que le cinéaste dépasse les limites
de l’entendement et du « raisonnable » narratif et visuel mais force
est de reconnaître que l’on ne peut être que saisi par ce portrait
de femme hors norme. |
1h41 - Portugal - Scénario : João Pedro Rodrigues, Paulo Rebelo - Photo : Rui Poças - Décors : João Rui Guerra Da Mata - Son : Nuno Carvalho - Musique : Frank Beauvais - Montage : Paulo Rebelo - Interprétation :Carloto Cotta, João Carreira, Teresa Madruga, Nuno Gil, Ana Cristina de Oliveira. |