Grain in Ear |
Dans
la lumière pâle et rosée d’une maison cube posée quelque part en Chine
est assise Cui Ji. Devant ses légumes qu’elle vient de découper, elle
fume. Son visage est lisse comme le marbre, aucune expression ne transparaît
de son âme esseulée. Son fils, tout vêtu de bleu, attend, à côté, ses
phonèmes coréens étalés devant lui. Ni chinois, ni coréens, ils oscillent
entre l’espoir et la désillusion.
Lorsque le film débute, Cui Ji semble sereine, l’extrême pureté qui flotte autour
d’elle est rassurante.
Tout chez elle est propre et clair, mais lorsque l’on prête plus attention à l’image, les murs se transforment en décor de carton, recouverts de papier. Le film avance et l’apparente solidité s’effondre, en même temps que se fissure l’espoir de Cui Ji. Au milieu du silence s’installe une lassitude qui se mue en amertume, rancœur sourde autant que violente. |
Pourtant,
la beauté résiste et inonde de sa lumière un espace minéral et hermétique
: des
rails, du sable et de l’eau. Au milieu des éléments roulent continuellement ces
petits vélos asiatiques, dans un bruit de ferraille qui s’entrechoque, de sable
qui craque sous les semelles.
Et les plans s’enchaînent, estampes chinoises aux couleurs pures et contrastées,
miroirs d’émotions à la fois glaciales et chaleureuses. |
1h49 - Chine/Corée - Scénario : Zhang Lu - Photo : Lui Yong Hong - Décors : Zhang Hui - Son : Wang Ran - Montage : Kim Sun-Min - Interprétation : Liu LIan Ji, Jin Bo, Zhu Guangxuan, Wang Tong-Hui. |