Kilomètre
zéro Hiner Saleem Sélection officielle |
Le
cinéaste kurde irakien Hiner Saleem avait réalisé l’an passé Vodka
Lemon, jolie comédie qui proposait de belles envolées lyriques. Représentant
officiellement l’Irak en compétition officielle, Kilomètre zéro raconte
l’histoire de Ako, enrôlé malgré lui par l’armée de Saddam Hussein
et envoyé au front pendant la guerre contre l’Iran en 1988. C’est d’ailleurs
ce qui est arrivé au propre frère du réalisateur et l’on comprend que
son témoignage représente une nécessité de révéler une tragédie familiale
qui est aussi celle de tout un peuple.
Le film prend une autre dimension lorsque Ako est chargé de ramener la dépouille d’un « martyr » de guerre à sa famille : d’abord pamphlet sur le non-respect des droits de l’homme, l’œuvre arpente ensuite les sentiers du road movie : l’intolérance et la suspicion resteront présentes au cours de ce voyage, Ako ayant pour chauffeur un irakien haineux à son égard. On pense à Kiarostami, bien sûr, pour les déambulations dans un pays ravagé, mais le film manque de cette force qui l’empêcherait de dépasser le simple cap des bons sentiments. |
Lorsque
Ako, désireux de déserter pour franchir la frontière, abandonne le
cercueil
et se réfugie dans une cabane abandonnée, les choses se gâtent et le cinéaste
semble tourner en rond, délaissant des personnages attachants comme ce vieillard
faussement sénile au profit de clichés assez décevants. L’épilogue, qui présente
Ako et son épouse en 2003 à Paris, au lendemain de l’entrée des troupes américaines
en Irak, était sans doute de trop et donne à l’ensemble une allure de film à thèse
qui plombe quelque peu le récit. |
1h31 - Kurdistan - Scénario, dialogues : Hiner Saleem - Photo : Robert Alazraki - Décors : Kamal Hamarash - Son : Freddy Loth - Musique : Nikos Kipourgos - Montage : Anna Ruiz - Interprétation : Nazmi Kirik, Balcim Bigin, Robert Alazraki. |