Ni documentaire, ni fiction, Le Filmeur s’apparente à la veine du journal intime. 950 cassettes ont composé ce film-témoignage : de 1994 à 2005, Alain Cavalier (L’Insoumis, Thérèse) s’est filmé en caméra numérique, dans ce qui se révèle être des bribes d’autobiographie non linéaires. Si la famille du cinéaste (son épouse, sa mère, ses petits-enfants) est souvent sollicitée pour des séquences “tranches de quotidien”, le réalisateur évoque aussi des lieux qui lui sont familiers (chambres d’hôtels, immeuble en construction qui cache le soleil) et se montre lui-même, sans artifice ni narcissisme.
« Docteur Jekyll et Mister Hyde » lorsqu’une tumeur de la peau défigure une partie de son visage ou grand-père attentionné, Alain Cavalier crée avec le spectateur une relation de promiscuité et de complicité qui chez d’autres cinéastes aurait pu sombrer dans la complaisance.
« J’ai rejoint un vieux rêve de metteur en scène devenu cinéaste avant d’être filmeur : me trouver seul avec la personne qui est seule devant mon objectif. C’est une manière d’élargir ma relation avec ceux que je choisis ou qui viennent vers moi », déclarait Alain Cavalier.