L'Enfant Jean-Pierre et Luc Dardenne Sélection officielle Palme d'or |
Après
La Promesse, puis Rosetta et Le Fils, les
frères Dardenne confirment
leur statut de champions toutes catégories ès fracture sociale. L’Enfant vient
donc appuyer encore un peu plus fort là où ça fait très mal.
Nouvelle histoire d’un itinéraire, celui de Bruno, et de la lutte effrénée et anarchique dans laquelle il se débat pour un quotidien misérable, L’Enfant suit en parallèle le chemin malaisé de Sonia, sa compagne, tous deux à peine sortis de l’adolescence et elle tout juste sortie de la clinique avec le nouveau-né qu’elle vient de faire. L’expression « Avoir un enfant sur les bras» n’a sans doute jamais eu autant d’acuité que dans cette scène où Sonia se fait mettre à la porte de chez elle, Bruno ayant sous-loué l’appartement que lui permettaient de louer ses allocations, envolées elles aussi. Car face à l’engrenage infernal dans lequel il s’est pris au piège, Bruno n’a pas d’état d’âme : tout se vole et tout se vend, d’implacables grilles tarifaires font la loi d'un milieu très organisé. Il hésite peu, lorsque, ayant vraiment besoin d’argent, il cède à la proposition d’“adoption” que lui fait une de ses “relations d’affaires” : il vend Jimmy. Et la caméra filme au plus près toute la tractation, jusqu’à cette scène époustouflante où Bruno dépose sa “marchandise” dans une sorte de no man’s land, une free zone où tout peut s’accomplir. |
Là pour
quelques instants seulement,
le temps semble s’être arrêté sur l’irrémédiable. |
1h35 - Belgique - Scénario, dialogues : Jean-Pierre et Luc Dardenne - Photo : Alain Marcoen - Décors : Igor Gabriel - Montage : Marie-Hélène Dozo - Interprétation : Jérémie Renier, Déborah Segard, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet. |