« Poings
de fuite »
Tae-shik est un ancien boxeur, la quarantaine
abîmée par ses nombreux combats, bichonnant sa médaille de champion
des jeux de Corée du Sud. Sa vie familiale semble avoir accusé de sérieux
uppercuts on n’élève pas un petit garçon avec des gants de boxe.
Il vit désormais seul, assurant mal son existence plombée de dettes
et trahie par ceux qu’il appelait ses amis, en se faisant boxer dans
la rue par les passants qu’il harangue avec son porte-voix. Punching-ball
vivant, il ne rêve que de retrouver l’estime de son jeune fils que
sa femme a adroitement monté contre lui et qu’il a lui-même maladroitement
aimé.
Sand-hwan est un jeune rebelle déstructuré dont la violence s’exprime d’autant
plus librement qu’il n’a plus aucun repère. Après un vol qui tourne mal, il se
retrouve en prison où le seul moyen de s’affirmer légalement est le ring de la
salle de boxe. Pour la première fois de son existence, il va peu à peu se sentir
capable d’accomplir quelque chose, pour lui comme pour sa famille.
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Loin
du ton comique de son précédent film Arahan, Ryoo Seung-wan
développe dans Crying Fist une dimension mélodramatique, très
maîtrisée dans sa forme. Évitant de passer trop vite d’une histoire à l’autre,
le montage parallèle suit un rythme permettant de faire exister les
personnages, d’entrer pleinement dans leurs détresses et de nourrir
ainsi régulièrement la narration.
Ryoo Seung-wan confirme ses talents de metteur en scène d’actions (les combats
de boxe sont de réels moments de cinéma, même pour ceux qui ne fréquentent pas
les rings…). Il révèle également sa marque d’auteur qui est amené à enrichir
un cinéma sud coréen décidément prolixe.
Jean Gouny
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