Harcèlement
Bashing

Kobayashi Masahiro
Sélection officielle
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Harcèlement était le seul film japonais de la compétition officielle. Il s’inspire d’un fait divers : trois journalistes, bénévoles en Irak, ont été pris en otages pendant plusieurs mois ; de retour dans leur pays, ils ont été contraints de présenter des excuses publiques à la population.
Ce qui nous paraîtra comme une aberration est en fait véridique, les individus ayant été accusés d’irresponsabilité du fait de leur seule présence sur un territoire non sécurisé… le film présente ainsi l’histoire de Yuko, qui doit subir au quotidien des humiliations. Brutalisée par des insultes dans la rue et au téléphone, licenciée de son travail, elle semble payer le prix d’une société déshumanisée et individualiste, qui exclut ceux-là mêmes qui ont voulu faire preuve d’altruisme et de générosité…
Déroutant dans sa première demi-heure, car le calvaire de l’héroïne n’est pas vraiment explicité, le film séduit par sa démarche radicale et son refus de tout pathos, même si les pleurs de Yuko sont récurrents.

La mise en scène de Masahiro Kobayashi se veut épurée, loin du style démonstratif d’un « dossier de l’écran ». Sa caméra, précise comme un scalpel, fait fi de toute maniérisme. Pas de lumière compensée ni de musique additionnelle, mais du reportage incisif et minimal. La « passion de Yuko » ne nous révèle pas grand chose sur son expérience à l’étranger et l’on pourrait même trouver incongru qu’une si frêle et timide jeune femme ait pu se lancer dans une expédition humanitaire.
L’essentiel est ailleurs : dans une traque qui devient surréelle et kafkaïenne, et qui concerne aussi son microcosme familial. Son petit ami en épouse une autre, son père contraint de démissionner finit par tomber malade et mourir et Yuko finira par se rapprocher de sa jeune belle-mère avec qui elle aurait pu pourtant entretenir des rapports de haine et de rivalité.
Reflétant le malaise d’une société nippone trop coercitive et selon l’auteur peu tournée vers l’extérieur, Harcèlement arrive à imposer un style personnel qui donne envie de connaître les œuvres antérieures du cinéaste.

Gérard Crespo


1h22 - Japon - Scénario, dialogues : Kobayashi Masahiro - Photo : Koichi Saito - Son : Tatsuo Yokoyama - Musique : Hiroshi
Hayashi
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Montage : Kaneko Naoki - Interprétation : Ryuzo Tanaka, Fusako Urabe, Takayuki Kato, Kikujiro Hondo, Terruyuki Kagawa, Nene Otsuka.

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