Oh,
Uomo Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi Quinzaine des Réalisateurs |
Autriche,
1919. Russie, 1921… La structure est ordonnée qui donne à voir
la déconstruction de corps humains ayant subi la guerre — la Grande —,
puis leur reconstruction, à la fois dérisoire et quelque fois presque
salvatrice. Il y a d'abord les enfants, et, plus que les blessures
physiques et les squelette décharnés, des regards d'une terrible vacuité.
Puis les yeux perdus des hommes et les improbables bienfaits d'une
chirurgie qui, moyens du bord exigent, s'apparente plutôt à une boucherie.
Là quelques spectateurs
déposent les armes, dont si je ne m'abuse Nanni Moretti. Il y a ensuite
les visages, les trous béants, le plus souvent rafistolés “en kitî par
les plasticiens dont les œuvres pourraient presque être qualifiées
de miracles ; des rescapés qui exhibent le moulage de ce que l'obus
leur a laissé, le comparant à leur nouveau faciès avec mâchoires et
nez démontables.
Et enfin les membres, ou plutôt leur absence à laquelle sont censées
pallier d'invraisemblables prothèses. |
Désastres
des “plus jamais çaî qui ne cessent de se répéter, corps détruits par
le fer, le feu, la famine. Ces images, les réalisateurs, Yervant Gianikian
et Agela Ricci Lucchi, ont eux eu la douleur de les voir et revoir
pour en faire ce montage époustouflant, cette histoire de guerre racontée
dans ce qu'elle a de plus injuste. Elles constituent le dernier volet
d'une édifiante trilogie réalisée sur la Première Guerre mondiale et
montre les résultats d'un processus historique dont le monde n'a apparemment
toujours pas tiré les leçons. |
Documentaire - 1h11 - Italie - Scénario, Montage : Yervant Gianikian, Angela Ricci Lucchi. |