Mon
trésor |
Drame
social sur l'existence pitoyable d'une mère et de sa fille, Mon
trésor est une œuvre digne dont le synopsis pouvait laisser
présager le pire
mélo. Echouant à quitter sa misérable existence de prostituée, Ruthie,
dont les passes n'ont de succès qu'auprès des clochards du quartier,
partage son appartement avec Or, sa fille adolescente qui collectionne
les amants d'un soir. Refusant la déchéance de sa mère, la jeune fille
tente de la secouer mais reproduit elle-même sa destinée.
De petits
boulots en activités de call-girl, elle n'échappe pas à sa condition
et reprendra la flambeau. Sans misérabilisme ni exhibitionnisme, la réalisatrice, qui signe son premier film, assume le style naturaliste en montrant le combat, perdu d'avance, de deux femmes qui se débattent dans une société cruelle et hostile. Deux séquences parmi d'autres montrent la malédiction qui semblent peser sur elles : dans la première, Ruthie, qui cherche un nouvel emploi, prépare avec maladresse de la nourriture pour chien devant le regard condescendant d'une maîtresse de maison : gestes dérisoires, qui traduisent l'impossibilité de changement de vie ; dans la seconde, Or apprend qu'elle ne pourra plus revoir son petit ami, la famille de celui-ci la considérant comme non fréquentable. |
Ainsi,
le regard des autres occasionne un étiquetage et la stigmatisation
accélèrera la chute finale. La mise en scène de Keren Yedaya opte pour
une démarche modeste et sobre : une caméra stable et un étirement des
plans qui permettent aux personnages de s'installer durablement sur
l'écran, tout en suggérant la complicité entre les deux héroïnes. Les
rapports entre celles-ci évoquent par moments les relations entre Rosetta
et sa mère, sans la rudesse des personnages des frères Dardenne. |
1h40 - France - Scénario : Keren Yedaya, Sari Ezouz - Photo : Laurent Brunet - Son : Guy Amita - Montage : Sari Ezouz - Décors : Avi Fahima - Interprétation : Dana Ivgy, Ronit Elkabgetz. |