The Edukators
Die Fetten jahre sind vorbei

Hans Weingartner
Sélection officielle
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« Les années prospères appartiennent au passé » : traduction du titre original du film, c'est aussi le message que Jan et Peter — rapidement rejoints par Jule — laissent aux propriétaires des riches villas qu'ils “visitentî et qui accompagnent le joyeux bordel qu'ils y laissent, refaisant la déco des lieux… résistance poétique et non violente à une société accumulatrice de biens de consommation qu'ils voudraient voir révolue.
Interrompue par un épisode mené sur le mode du thriller à la suite d'une intervention qui tourne mal, cette fable politico sociale aborde le thème du dérèglement d'un monde où 90 % des hommes meurent de faim, tandis que 1 % se mettent au régime. En quête de propositions politiques mais refusant tout embrigadement, le trio oppose les armes dérisoires de leur méthode de “rééducationî des hommes à la super puissante apathie qui a envahi la société. Sans toutefois trop y croire : « Tout a déjà été tenté. Pourquoi ça marcherait avec nous ?» Pourtant il doit y avoir quelque chose à faire et l'état des lieux sans concession que Jan, le plus puriste des trois, fait de notre planète, est particulièrement criant de vérité et touchant de sincérité.

Dans la deuxième partie du film, la théorie des éducateurs se confronte au fatalisme de leur victime involontaire, Hardy Hardenberg, et à l'ironie du temps qui passe. Hardy, ex révolutionnaire activiste fait partie de la génération 68. Lui a au moins connu la belle euphorie des lendemains qui chantent, mais, comme tous les autres, s'est laissé emprisonné par ses propres richesses : « J'ai joué le jeu, mais je n'en ai pas inventé les règles.» En revanche, avec un humour jubilatoire, Hardy donne à ses éducateurs quelques leçons bien senties à propos d'amour libre, leur fait la pige aux cartes, leur ressert d'un ton sentencieux d'anciens préceptes : « Fumer détruit la force révolutionnaire de la jeunesse. » ou leur assène quelques évidences : « Avant trente ans, si t'es pas à gauche, t'as pas de cœur ; après, c'est que t'es cinglé. »
Sous son traitement délibérément léger compte tenu du sujet ce Jules et Jim contemporain, très bien interprété, laisse le goût amer d'une situation apparemment sans issue, où contre un mal parfaitement diagnostiqué aucun remède ne semble vouloir être inventé.

Marie-Jo Astic


2h06 - Allemagne/Autriche - Scénario, dialogues : Katharina Held - Photo : Matthias Schellenberg, Daniela Knapp - Décors : Christian M. Goldbeck - Montage : Dirck Oetelshoven, Andreas Wodraschke - Musique : Andreas Wodraschke - Interprétation : Daniel Bruhl, Julia Jentsch, Stipe Erceg, Burghart Klaußner.

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