Les Conséquences de l'amour
Le Conseguenze dell'amore
Paolo Sorrentino
Sélection officielle

Dans un hôtel cossu au bord du lac Léman, un homme d'affaires impassible et renfermé passe le plus clair de son temps à griller des cigarettes et répéter inlassablement des rituels dérisoires. Le premier quart d'heure déconcerte. Songerie incantatoire à la Marguerite Duras ? Caricature burlesque à la Jacques Tati ? Le spectateur ne sait pas de quel œil juger, quand très vite, des pistes narratives viennent éclaircir le récit : se greffe alors une histoire de mafia quelque peu tarabiscotée qui soutient l'attention tout en jouant la carte du second degré.
Paolo Sorrentino, dont c'est le deuxième film, pourrait être un petit cousin italien de Sofia Coppola : ennui des villégiatures contraintes, brèves rencontres hasardeuses, humour décalé. Ici s'arrête la comparaison tant ce film-ci s'apparente plutôt au registre mineur.

La narration comporte des faiblesses et les ruptures de ton ne sont pas toujours maîtrisées, telle cette partition musicale "branchée" qui arrive comme un cheveu sur la soupe dans la seconde moitié du film. En outre, une voix off insistante surligne les intentions du scénario.
Cette œuvre étrange constitue toutefois une curiosité qu'on aurait tort de bouder, et révèle un acteur tragi-comique époustouflant, Toni Servillo : il pourrait devenir le nouveau Sordi.

Gérard Crespo