Le synopsis : Chaque année, en décembre, Willie T. Stokes incarne le Père Noël dans un grand magasin différent. Sarcastique et désabusé, il a de plus en plus de mal à ce tenir ce rôle. Marcus, son fidèle acolyte, un nain déguisé en elfe, l'incite comme il peut à ne pas craquer. Car, sous don habit rouge mal ajusté, Willie cache une panoplie de perceur de coffres. Et la nuit de Noël, avant de disparaître, ce drôle de couple se transforme en duo de cambrioleurs...

Notre avis : Produit par les frères Coen, cet anti-conte de Noël est un antidote à bien des sucreries et mièvreries hollywoodiennes, à commencer par la piteuse série des Maman j'ai raté l'avion. Sous les apparences de série B, le film est un récit mordant sur les déboires d'un loser, le ton étant plus proche de l'univers d'un Todd Solondz ou d'un John Waters que du consensuel Père Noël est une ordure. Bien servi par un casting judicieux (mention à Billy Bob Thornton qui promène sa trogne coenienne), Bad Santa ne séduira certes pas les enfants, auxquels il n'est pas spécialement destiné, mais mérite une place dans la galerie du cinéma de la dérision.

Pourtant, la réussite n'est que partielle. En dépit de la jolie amitié avec un enfant introverti, qui n'est pas sans rappeler les rapports entre Charlot et Le Kid, le film souffre d'un cruel manque de rythme dans sa deuxième partie et Terry Zwigoff ne retrouve pas le ton sarcastique jubilatoire de Ghost World (2001), le film qui l'avait révélé. Est-ce la volonté de se mouvoir dans le moule d'un cinéma davantage rassurant et d'élargir son audience ? Tel quel, Bad Santa se laisse voir mais laisse un léger goût d'inachevé.

Gérard Crespo