L'Après-midi de Monsieur Andesnas The Afternoon of Mr. Andesnas Michelle Porte Semaine Internationale de la Critique |
C'est
tout simple : pour savourer L'Après-midi de Monsieur Andesmas,
et sa superbe adaptation par Michelle Porte, il ne faut pas hésiter à entrer
dans l'univers unique de Marguerite Duras et se tenir prêt à en être
tout autant excédé que subjugué. Atmosphère surréaliste et incursion
très poussée dans la réalité, effeuillage savamment élaboré des clés
d'un scénario millimétré, leitmotiv incarné par un personnage. Ici,
le fil à suivre est Michel Arc, acteur central que l'on ne verra jamais. Nous sommes dans le sud de la France par une chaude, mais ventée, après-midi d'été. Monsieur Andesmas, installé sur l'emplacement où il a décidé de faire construire une terrasse à la maison qu'il vient d'acheter à sa fille, attend Michel Arc, l'entrepreneur du village choisi pour exécuter l'ouvrage. Au loin on entend de la musique, celle de la fête du village, lui indique une petite fille : elle est la fille de Michel Arc et lui explique que son père arrivera un peu en retard au rendez-vous. |
Une
sorte de valse autour du temps s'installe, de l'attente, insupportable
ou insignifiante selon que Monsieur Andesmas la vive seul ou à deux,
selon qu'il soit sincère ou poliment compréhensif. Lorsque la femme
de Michel Arc arrive à son tour, indiquant que son époux sera vraiment
en retard, un dialogue s'instaure, qui – entre celui qui ne veut pas
entendre et celle qui veut que tout soit dit – nous emmènera
jusqu'au
bout de l'histoire et révèlera au détour des mots les plus convenus
les plus vivaces blessures. Touche par touche, les personnages et les
sentiments
se mettent en place, dans une atmosphère de plus en plus pesante où tout
finit par se cristalliser autour de Valérie, de son égoïsme (« Valérie
me fait beaucoup souffrir » admet Monsieur Andesmas fou d'amour pour
sa fille), de sa beauté et de sa blondeur (« Tant de blondeur imbécile
: à quoi cela peut-il servir si ce n'est à un homme pour se noyer dedans » constate
la femme de Michel Arc folle d'amour pour son mari). Avant que ces
deux solitudes finissent par se rejoindre, le pouvoir d'ensorcellement
des mots de Duras n'a pas fini d'opérer. |
1h19 - France - Scénario :Michelle Porte d'apès le récit éponyme de Marguerite Duras - Photo : Dominique le Rigoleur - Son : Erwan Kerzanet - Musique : Carlos d'Alessio, Benjamin Mousset - Montage : Colette Culberg - Décors : Loula Morin - Interprétation : Michel Bouquet, Miou-Miou, Paloma Veinstein, Anne Isserman, Patrick Roques, France Saint Léger, Richard Huguenin. |