Les Yeux secs
Cry No More
Narjiss Nejjar
Quinzaine des Réalisateurs
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Le cinéma marocain a rarement été représenté au Festival de Cannes. Aussi attendions nous avec intérêt la projection de ces Yeux secs réalisés par une cinéaste qui fit ses premières armes dans le documentaire. Dans une terre berbère enserrée par un étau de montagnes se niche Tizi, un petit village de femmes. Celles-ci ne portent plus le voile rouge de la virginité : les soirs de pleine lune, elles vendent leur corps aux hommes, en gardant en elles leur mélancolie, leur douleur et leurs Yeux secs.
Le film démarre par l'arrivée dans le village d'une vieille femme, ancienne « putain de Tizi » accompagnée de son chauffeur, qui s'éprendra de la chef rebelle et revêche de la communauté. Dès cet instant, des indices nous sont donnés sur le passé de ce « gynécée », le rythme lent et l'économie de dialogues ne permettant pas une précision explicite des enjeux dramatiques.
Refusant tant le pittoresque que le misérabilisme, Narjiss Nejjar réussit une belle œuvre contemplative avec une photographie rendant admirablement l'âpreté des décors.

Quelques instants de grâce illuminent même le récit, telle cette séquence où le chauffeur interprète un spectacle forain inspiré du personnage de Charlot.
Le film n'est pourtant pas parfait : des longueurs se font sentir dans la description des rituels et une séquence inutile (notre homme qui court vers les cimes avant de se rouler nu dans la neige) introduit avec maladresse un décalage surréaliste. Mais il faut souligner les mérites de la réalisatrice qui par l'audace de son sujet et la sobriété de son traitement pourrait devenir une nouvelle figure de proue du cinéma arabe.

Gérard Crespo


2h02 - Maroc / France - Scénario : Narjiss Nejjar - Image : Denis Gravouil - Son : Laurent Benaïm - Musique : Guy-Roger Duvert - Montage : Emmanuelle Pencalet - Interprétation : Siham Assif, Khalid Benchegra, Raouia, Rafika Belhaz.

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