Va et vient
Come and Go - Vai e vem
João César Monteiro
Sélection Officielle
Hors compétition
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Dernier film de João César Monteiro, qui devait décéder quelques temps après le tournage, Va et vient, posthume et sans doute testamentaire, est tout sauf un film mortifère. Certes, le cinéaste se met aussi en scène en tant qu'acteur principal, amaigri et manifestement malade, mais ce n'est ni Philadelphia ni Nick's Movie.
Les trois heures de projection se méritent. Sans avoir la perfection et l'austérité de son compatriote Manoel de Oliveira, duquel on peut le rapprocher, Monteiro est un cinéaste exigeant mais son humour subversif le rapproche davantage d'un Buñuel. Le scénario, sur le papier et parfois sur l'écran, est d'une loufoquerie déconcertante. Un vieux gentleman portugais, flegmatique et raffiné, vit une existence solitaire dans un grand appartement de Lisbonne. Sa seule occupation extérieure consiste à prendre au quotidien le même bus pour se rendre dans le même parc, le trajet lui permettant des échanges insolites avec des inconnus ou d'anciennes connaissances. Le récit prend ensuite une tournure plus ludique et macabre, et défilent sous nos yeux une femme de ménage communiste et d'une beauté sublime, un fils terroriste sortant de prison mais totalement repenti au grand dam de son père, une prêtresse vaudou adepte du viol ou une femme à barbe de passage dans la demeure...

Le film pourrait d'ailleurs être fragmenté en plusieurs courts métrages, sans nuir à la cohérence stylistique de l'ensemble. En fait, la totale liberté de l'auteur, qui n'avait rien à perdre, mène ici à un véritable traité de misanthropie et une déclaration de rébellion dont les audaces contrastent avec le nombrilisme et la tiédeur de maintes premières réalisations.
Dans une Dvthèque, on pourrait d'ailleurs classer Va et vient au rayon des ultimes créations, quelque part entre Frontière chinoise, L'Innocent, Le Dernier nabab ou Nelly & Monsieur Arnaud, toutes teintées de beauté crépusculaire. La puissance créatrice de Va et vient est cependant au prix de quelques longueurs pénibles, indissociables de l'esprit de liberté. Loin du classicisme de À fleur de mer (1986), son film le plus accessible, cette production est une expérience unique de cinéma.

Gérard Crespo


2h59 - Portugal - Scénario et dialogues : João César Monteiro - Images : Marío Barroso - Décors : José Manuel Castanheira - Montage : João Nicolau, Renata Sancho - Interprétation : João César Monteiro, Rita Pereira Marques, Manuela De Freitas, Miguel Borges, Rita Durão.

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