Punch-Drunk Love
Paul Thomas Anderson
Sélection Officielle
Prix de la mise en scène ex-æquo
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Après Boogie nights et Magnolia, Paul Thomas Anderson confirme avec Punch-drunk love qu'il est l'un des nouveaux créateurs les plus passionnants de sa génération. La faible durée de l'œuvre (90 minutes), surprendra ceux qui avaient été marqués par la longue narration de son premier film et la fresque kaléidoscopique de Magnolia. Petit bijou de concision, Punch-drunk love s'apparente à tout un courant sarcastique du cinéma contemporain qui de Tarantino aux frères Coen combine avec bonheur références de cinéphile, élégance stylistique et dérision.
Vendeur dans un entrepôt de Los Angeles, Barry Egan (Adam Sandler) collectionne les bons d'achat offerts par une marque de puddings et qui lui permettront de s'offrir des kilomètres gratuits en avion. C'est un personnage à la fois rêveur et calculateur, violent et romantique, étourdi et spontané, qui semble être un lointain cousin de Monsieur Hulot et de Buster Keaton. Poursuivi par des truands à la solde d'une société de téléphone rose, il se réfugie à Hawaï où il retrouve Lena (Emily Watson) pour laquelle il a eu un coup de foudre.
Ce résumé ne rend pas compte de la subtilité d'un scénario astucieux, de la qualité de gags

hilarants et de la délicatesse de certains plans, comme ce moment formidable où Barry retrouve Lena en lui tendant la main au lieu de l'embrasser. Le choix du technicolor est judicieux et s'apprécie notamment lors des clins d'œil à la comédie musicale américaine : voir Adam Sandler esquissant des pas de danse devant la caisse d'un supermarché est un véritable régal et cet acteur, très connu aux Etats-Unis, trouve ici son meilleur rôle. Si le film sert le comédien, le comédien est aussi un atout majeur de l'œuvre et on lui doit la réussite de certaines séquences qui resteront, parions-le, dans les annales du cinéma : lorsqu'il démolit la baie vitrée de l'appartement d'une de sept sœurs, où lorsqu'il saccage, par orgueil, les toilettes d'un restaurant avant de regagner dignement sa table. L'acteur est en outre bien entouré par Emily Watson, transfuge du cinéma de Lars von Trier et qui se meut avec bonheur dans cet univers déjanté, Philip Seymour Hoffman, acteur caméléon qui compose ici un personnage inquiétant, et Luis Guzman, incontournable silhouette du nouveau cinéma américain.

Gérard Crespo


1h30 - Etats Unis - Scénario et dialogues : Paul Thomas Anderson - Images : Robert Elswit - Musique : Jon Brion - Montage : Leslie Jones - Décors : William Arnold - Interprètes : Adam Sandler (Barry Egan), Philip Seymour Hoffman (Dean Trumbell), Emily Watson (Lena Leonard), Mary Lynn Rajskub (Elisabeth).

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