Hollywood
Ending Woody Allen Sélection Officielle Hors compétition |
Après
Le Sortilège du scorpion de jade, brillante comédie policière, Woody
Allen continue de nous surprendre avec cette satire des grands studios hollywoodiens.
Ce n'est pas la première fois qu'il filme les milieux du cinéma et il excelle
à peindre la roublardise et les compromissions propres à l'univers du 7e
art. Moins onirique que Stardust Memories et plus drôle que Celebrity,
ce dernier opus dépasse le comique de situation et confirme que Woody est
aussi un maître de l'autodérision. Il interprète ici Val, un cinéaste qui
eut son heure de gloire et végète désormais sur de sinistres tournages de
spots publicitaires. Son ex-femme, Ellie (Téa Leoni, impeccable) lui donne
l'occasion de renouer avec la gloire mais le réalisateur est frappé d'une
brusque cécité psychosomatique à la veille du tournage. Qu'à cela ne tienne
! Le contrat devra être honoré et l'infirmité tenue secrète. Les quiproquos
sur le plateau (les polémiques avec le chef opérateur asiatique) ou à l'extérieur
des studios (l'entretien avec le producteur — de surcroît rival amoureux
- que Val ne regarde jamais dans les yeux) sont évidemment jubilatoires.
Mais la métaphore est limpide : |
Woody Allen a la nostalgie d'une époque révolue et se refuse à voir la vacuité de l'actuelle Mecque du cinéma. Ses fans retrouveront en outre son personnage d'anti-séducteur névrosé dont les échanges verbaux avec Ellie font ici écho aux affrontements avec Annie Hall (Diane Keaton) ou les personnages de Mia Farrow. Le réalisateur est également fidèle à ses passions (le générique sur un air de jazz, le culte de New York et de Paris) ; et il fustige dans un même élan l'arrogance de producteurs ignares, la standardisation des produits cinématographiques, ainsi que le snobisme intellectuel : le dénouement nous donne ainsi droit à l'une des chutes les plus désopilantes de la comédie américaine. Hollywood Ending est donc une des œuvre majeure de Woody Allen tant par la virtuosité du divertissement que la qualité de la réflexion. Gérard Crespo |
1h54 - Etats Unis - Scénario et dialogues : Woody Allen - Images : Wedigo Von Schultzendorff - Montage : Alisa Lepselter - Décors : Santo Loquasto - Interprètes : Woody Allen (Val), George Hamilton (Ed), Tea Leoni (Elie), Debra Messing (Lori), Mark Rydell (Al), Treat Williams (Hal). |