Demonlover Olivier Assayas Sélection Officielle
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Mêlant
espionnage industriel, cinéma sur Internet et mangas pornographiques, le
scénario de Demonlover se veut une réflexion sur l'univers des multinationales
et la fascination exercée par le cyber espace. Deux sociétés, Mangatronics
et Demonlover, s'affrontent pour obtenir l'exclusivité de nouvelles images.
Une belle espionne est recrutée par Mangatronics pour pirater de l'intérieur
la compagnie rivale. Mais elle devra se résoudre à franchir la barrière
entre le monde réel et l'univers du virtuel, ce qui donnera lieu à quelques
scènes incorporant la technologie de nouveaux effets spéciaux numériques.
Les séquences les plus réussies du film sont nimbées de mystère, telles
ces déambulations nocturnes à travers lesquelles le réalisateur retrouve
sa passion pour les serials (Irma Vep) ou ces tractations secrètes
dans le métro. Mais à vouloir brasser trop de genres (la science fiction,
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policier,
le cinéma expérimental), Olivier Assayas s'emmêle les pinceaux et semble
déboucher sur une impasse, d'autant plus que son propos reste parfois
fumeux : la dénonciation des risques de dérives liées à la banalisation
de la représentation de la violence s'accompagne d'une certaine complaisance
(les tortures interactives) qui nuit à la crédibilité du discours. Plus
à l'aise dans le cinéma intimiste (L'eau froide, Fin août début
septembre), le cinéaste semble ici dépassé par son projet d'autant
plus qu'il manque la patte d'un véritable auteur (on songe au film que
Lynch aurait tiré du même scénario). Une direction d'acteurs hasardeuse
combinée à des effets de mise en scène qui frôlent le kitsch (le meurtre
de Gina Gershon) amplifient le semi-ratage de ce polar futuriste. |
2h09 - France - Scénario et dialogues : Olivier Assayas - Images : Denis Lenoir - Musique : Sonic Youth - Montage : Luc Barnier - Décors : François-Renaud Labarthe - Interprètes : Connie Nielsen (Diane), Charles Berling (Hervé), Chloé Sevigny (Elise), Gina Gershon (Elaine). |