La Cité de Dieu
City of God - Cidado de Deus
Fernando Meirelles
Sélection Officielle
Hors compétition
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Premier long métrage de Fernando Meirelles, La Cité de Dieu s'est imposé comme l'une des meilleures productions brésiliennes de ces dernières années. Au carrefour du cinéma social, du polar, et du réalisme documentaire, il dépeint l'existence mouvementée des enfants de la « Cidade de Deus », une favela de Rio, devenant dès leur plus jeune âge des criminels en puissance par le deal, des braquages et des meurtres. La construction de l'oeuvre est basée sur un unique flash-back, qui voit un jeune photographe, ex-enfant de la Cité, se remémorer son passé au détour d'une ruelle où il se retrouve coincé entre deux gangs rivaux. Dès cette première séquence, Mereilles impose son style dans une mise en scène brillante et efficace : couleurs saturées, montage saccadé, profusion des personnages dans un cadre composite. Ce dernier procédé, expérimenté par d'autres, pour le meilleur (The Pillow Book de Peter Greenaway), ou le moins bon (Time Code de Mike Figgis), crée ici une mosaïque vertigineuse de tension dramatique et d'effroi.

Adapté d'un roman de Paolo Lins, lui même originaire de la Cité, le film se veut fidèle aux péripéties qui en constituaient la trame, Meirelles se souciant de l'authenticité des faits. Pourtant, c'est bien une favela stylisée (et non pas aseptisée) qui se présente à nos yeux, le punch visuel du réalisateur n'ayant d'égal que celui du Scorsese de Taxi Driver ou du Ferrara de King of New York. Néanmoins, l'œuvre peut déranger par sa complaisance dans la reconstitution de la violence, et ce d'autant plus que les personnages et les acteurs sont des moins de douze ans, auprès desquels les adolescents des Anges aux figures sales de Michael Curtiz (1938) passent pour des enfants de chœur. En dépit de cette réserve et de quelques afféteries, La Cité de Dieu est donc une bonne surprise. Une série en sera adaptée par Meirelles lui-même pour la télévision brésilienne. Et en 2005, le cinéaste signera The Constant Gardener, intéressant thriller d'après John Le Carré, où l'on retrouvera par instants le style nerveux de sa première œuvre.

Gérard Crespo


2h10 - Brésil - Co-réalisation : Katia Lund ï - Scénario et dialogues : Bráulio Mantovani - Images : César Charlone - Musique : Antonio Pinto - Montage : Daniel Rezende - Décors : Tulé Peake - Interprètes : Alexandre Rodrigues (Fusée), Leandro Firmino Da Hora (Petit Zé), Phellipe (Bené), Jonathan Haagensen (Tignasse), Matheus Nachtergaele (Carotte), Seu Jorge (Manu Tombeur).

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