Bowling for Columbine
Michael Moore
Sélection Officielle
Prix du 55e anniversaire du Festival de Cannes
Prix Education Nationale
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Le documentaire de Michael Moore, l'un des grands moments de ce Festival, commence au paradis des armes, le Michigan, où un fusil vous est offert en cadeau lorsque vous ouvrez un compte en banque. Et dès le début, le réalisateur tente de préconiser des solutions pour enrayer la tuerie qui sévit aux Etats-Unis, légalisée par le second amendement de la Constitution américaine dans un pays dont les foyers comptent 250 millions d'armes à feu : on pourrait peut-être mettre la munition à 5000 $, cela éviterait déjà les balles perdues… C'est de l'humour, certes, mais ça fait froid dans le dos et donne le ton de Bowling for Columbine. Pourquoi ce pays enregistre-t-il le plus fort taux de meurtres par armes à feu au monde ? La faute aux mélanges ethniques, à la pauvreté, au chômage, à South Park, à la musique hard et Marylin Manson ?… Une à une, Michael Moore, démonte toutes les explications, des plus classiques aux plus farfelues et le parallèle avec le Canada voisin (et producteur du films) est édifiant. A l'histoire violente du pays ? C'est ce que préconise Charlton Heston, fondateur de la National Rifle Association dont l'impact — c'est le cas de le dire — est particulièrement fort en Amérique profonde et que rien n'arrête dans sa quête obsessionnelle
(de quoi au juste ?) : « Plus violente que celle de l'Allemagne ou de la Chine ? » Non, l'argument ne tient pas davantage et Moïse se rend compte qu'il s'est copieusement fait

piéger en ouvrant sa porte à Michael Moore, venu le relancer jusqu'à sa villa de Beverly Hills et se présentant comme membre à vie de la NRA… Ce serait là bien sûr un des moments les plus jubilatoires du film, s'ils ne l'étaient tous, jubilatoires et terrifiants.
Le pays — son histoire, son ingérence politique-économique, sa prédilection pour le soutien ou la mise en place de dictateurs… — est passé au crible : inlassablement la peur d'avoir peur revient de façon récurrente, absurde, paranoïaque, injustifiée. Au lendemain des attentats du 11 septembre, Michael Moore brosse un portrait sans concession, il développe et dissèque le drame de la Columbine High School de Littleton / Colorado (douze lycéens et un professeur tués par deux autres étudiants, de très nombreux blessés) et celui de Flint / Michigan, sa ville natale (un garçon de six ans abat une fillette de six ans également) : deux zones à hauts risques où la chasse à ses concitoyens est ouverte toute l'année.
Michael Moore avoue aimer son pays et voudrait comprendre pourquoi il est particulièrement enclin à basculer dans la terreur et la violence poussée à son extême : il met au service de son film son talent, son audace, son humour et un sens de la provocation qui lui valent d'un côté une fâcheuse réputation dans le territoire yankee et de l'autre notre profonde considération.

Marie-Jo Astic


2h - Etats Unis - Scénario et dialogues : Michael Moore - Images : Brian Danitz, Michael McDonough - Musique : Jeff Gibbs - Montage : Kurt Engfehr.

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