Le Métier des armes The Profession of Arms - Il Mestiere delle armi Ermanno Olmi Sélection Officielle |
En 1526, Jean de Médicis, capitaine de l'armée pontificale, participe à la guerre contre les lansquenets de Charles Quint. Soldat valeureux, il fait partager son expérience inégalée dans le domaine militaire. Mais l'évolution des armements (les canons et armes à feu font leur apparition) modifie sensiblement les données des combats. Le film marque le grand retour de Ermanno Olmi, poète du cinéma, dont la meilleure (et plus accessible) réalisation reste L'Arbre aux sabots, poignante chronique paysanne, Palme d'or à Cannes en 1978. Certains ont vu dans cette reconstitution historique un reflet de l'air du temps, la condamnation actuelle des « armes de destruction massive » faisant écho à celle qui, à l'époque, fustigea les nouveaux outils meurtriers entre les mains des combattants. C'est sans doute vrai mais Olmi a bien précisé à la conférence de presse (voir le bonus du DVD) qu'il se méfiait des œuvres à message et qu'il tenait avant tout à se positionner en tant que créateur. Son film échappe ainsi tant au film à thèse qu'au genre du grand spectacle historique, qui donnèrent des réussites incontestables, à l'instar de Que la fête commence de Bertrand Tavernier. |
L'extrême beauté plastique du film (plans dépouillés, travail admirable du chef opérateur) s'apparente plutôt à celle de grands maîtres italiens : plus qu'à l'esthétisme d'un Visconti, l'on songe ici au Rossellini de La Prise du pouvoir par Louis XIV pour les séquences de dialogues ou au Pasolini de L'Évangile selon Saint Matthieu pour le dépouillement contemplatif. Mais les séquences de combat, dans leur épure picturale, ne sont pas sans évoquer les cinémas de Bresson (Lancelot du Lac) ou Oliveira (Non ou la vaine gloire de commander). Loin d'écraser Olmi, ces références montrent son ancrage dans une famille d'artistes qui redonnèrent les bases de la modernité du 7e art. On gardera ainsi en mémoire quelques passages mémorables du Métier des armes : de magnifiques plans d'intérieur (les palaces italiens); de splendides affontements en extérieur, comme la rencontre au sommet, au sens propre, entre Médicis et le général Frundsberg, détenteur d'une corde en or destinée à pendre le pape en personne. S'il n'échappe pas toujours au hiératisme et à la raideur de la pièce de musée, le film de Olmi reste un grand moment de cinéma, qui purifiera le regard. |
1h45 - Italie - Scénario et dialogues
: Ermanno Olmi - Images : Fabio
Olmi
- Musique : Fabio Vacchi - Montage :
Paolo Cottignola - Décors : Luigi
Marchione - Interprètes : Hristo Jivkov,
Sergio Ggrammatico, Sandra Ceccarelli, Dessy Tenekedjieva, Dimitar Ratchlov,
Sasa Vulicevic. |