Garage Olimpo

de Marco Bechis
Sélection Officielle Un Certain Regard
Mention spéciale au Prix de la Jeunesse du film étranger

Maria, "disparue" de la dictature argentine

 

" Il y a du soleil sur la France... " : la chanson du début met de bonne humeur. A Buenos Aires aussi il y a du soleil et on fait la connaissance de Maria. Militante opposée à la dictature argentine, elle enseigne la lecture et l'écriture dans des bidonvilles. Félix, un des locataires de la mère de Maria, semble amoureux d'elle... Un matin, Maria est enlevée par des militaires en civil, puis conduite au Garage Olimpo. Yeux bandés, déshabillée, enchaînée, elle est placée-crucifiée sur une table en fer- en "chirurgie", où l'on pratique la "picana" (pic électrique au voltage réglable). Au cours de scènes difficilement soutenables, les "interrogatoires" se succèdent, jusqu'au jour où Félix, tortionnaire émérite, vient relayer ses collègues en quête d'aveux. Le bourreau de Maria devient alors sa seule chance de salut.

C'était hier, entre 1976 et 1982. En 78, l'Argentine accueillait la coupe du monde de football... Pourtant ces années-là ont dénombré 30000 "disparus", qui, dans l'indifférence générale, ont transité, souffert ou furent mis à mort dans ces 365 "camps" occupant les souterrains de la ville. Qui, mieux que Marco Bechis, pouvait décrire un tel enfer : enlevé en 1977, il vécut son calvaire au joliment nommé Club Athlético. Ayant cessé toute activité politique depuis quelques années déjà, il ne livrera aucun nom au cours des 52 interrogatoires subis à la picana et sera finalement extradé vers l'Italie, son pays d'origine. Le film est remarquablement réalisé, infiniment utile et malheureusement criant de vérité.

La colère a très vite remplacé la bonne humeur distillée par la chansonnette du début : elle grandit lorsqu'on sait que tortionnaires, colonels, généraux vivent aujourd'hui en toute liberté et en toute impunité.

Marie-Jo Astic

 

1h38 - scénario & dialogues : Marco Bechis, Lara Fremder - images : Ramiro Civita - décor : Romulo Abad - musique : Jacques Lederlin - montage : Jacopo Quadri - interprètes : Antonella Costa, Carlos Echeverria, Dominique Sanda, Chiara Caselli, Enrique Tigre...

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