Last Night
de Don McKellar
avec Don McKellar, Sandra Oh,
Callum Keith Rennie...
Quinzaine des Réalisateurs
Prix de la Jeunesse
 

Dernières heures à Toronto L'idée brillante de ce premier film s'appuie sur un postulat d'une minceur désarmante : raconter les dernières heures de quelques personnages avant la fin du monde. Les amateurs de blockbusters spectaculaires en seront néanmoins pour leurs frais, puisqu'il ne sera jamais question ici de sauver la planète d'une catastrophe présentée comme inévitable. Partant de cette contrainte un peu abstraite, Don McKellar - connu déjà comme acteur, notamment pour Atom Egoyan - tisse un scénario intelligent et sensible, qui s'ingénie à retourner comme une chaussette les poncifs redoutés dans ce type de situation.

Patrick cherche à échapper au phagocytage familial, à la sensiblerie nostalgique que ses proches veulent lui imposer, tout en évitant la solution frénétiquement hédoniste prônée par son pote Craig. Il veut mourir seul et digne, mais sa rencontre avec Sandra va bouleverser l'ordre presque serein de ses préparatifs. Il s'agit donc d'apocalypse à l'échelle humaine, débarrassée de l'idée de Dieu et de toute emphase eschatologique. La dramaturgie du film, habilement servie par une partition musicale de facture néo-classique, ne semble vouée qu'à révéler le secret des âmes. L'ensemble baigne dans une atmosphère proprement hyper-réaliste, magnifiquement rendue par une

photographie qui refuse elle aussi les conventions et réussit à épouser subtilement le propos du cinéaste.

Daniel Rocchia

Last Night fait partie de la collection "2000, vu par...", une commande de dix films produits par "Haut et Court".


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