La Lune de Jupiter
Felesleges ember
de Kornél Mandruczo
Sélection officielle
En compétition








Seuls les anges ont des ailes

Un jeune migrant se fait tirer dessus alors qu'il traverse illégalement la frontière. Sous le coup de sa blessure, Aryan découvre qu'il a maintenant le pouvoir de léviter. Jeté dans un camp de réfugiés, il s'en échappe avec l'aide du Dr Stern qui nourrit le projet d'exploiter son extraordinaire secret. Les deux hommes prennent la fuite en quête d'argent et de sécurité, poursuivis par le directeur du camp. Fasciné par l'incroyable don d'Aryan, Stern décide de tout miser sur un monde où les miracles s'achètent…
De Kornél Mandruczo, nous avions beaucoup aimé White God (Prix Un Certain Regard 2014), conte visionnaire qui donnait une image terrifiante de la Hongrie et de l’Occident en général. La Lune de Jupiter s’avère de la même veine et propose un récit à la fois mystique et politique, fantastique et réaliste, même si des maladresses en atténuent la portée. Ancrée dans une Europe en proie à la crise des réfugiés, l’histoire s’approprie ce contexte tout en le plaçant à distance, par le recours à la politique-fiction, et donnant au personnage d’Aryan une dimension christique : n’est-il d’ailleurs pas fils de charpentier ?

Et si le salut de l’humanité venait de la souffrance morale des réfugiés, leur quête d’une terre d’accueil les plaçant dans un danger récurrent ? « Avec le temps, je m’interroge de plus en plus sur la question de la foi. D‘une certaine façon, j‘ai toujours pensé qu‘il existe une foi plus grande, totale et universelle, au-delà de la foi relative dictée par une culture et une période données, une foi qui peut avoir un réel impact sur les gens, en particulier à une époque où nous semblons vouloir régler nos comptes avec la religion traditionnelle, ou avec Dieu. Au lieu de cela, nous sommes définis par l‘argent et la réussite, par le dieu omniprésent du populisme et de la satisfaction immédiate ». On l’aura compris : Mandruczo s’interroge sur les liens entre spiritualité et matérialisme, sans donner toutefois dans la bondieuserie sulpicienne. Si sa réflexion et sa démarche esthétique le placent à cent lieues d’un Tarkovski, le réalisateur propose malgré tout une dystopie glaçante et percutante, qui culmine avec une dernière partie en forme de thriller d’une indéniable efficacité.

Gérard Crespo


1h40 - Hongrie - Scénario : Kornél MANDRUCZO, Kata WÉBER - Interprétation : Merab MINIDZE, György CSERHALMI, Monika BALSAI.

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