L'Homme de fer
Czlowiek z zelaza
de Andrzej Wajda
Sélection officielle
Cannes Classics






L'urgence de liberté

Une présentation de ZEBRA Film Studio (Studio Filmowe ZEBRA) en collaboration avec le Polish Film Institute. Restauration image en 2K à partir du négatif couleur 35mm menée par Daniel Pietrzyk avec Aleksandra Kraus à Yakumama Film. Restauration sonore à partir de la bande magnétique originale par Tomasz Dukszta. Supervision artistique du réalisateur Andrzej Wajda, du chef-opérateur Jerzy Łukaszewicz et de l’ingénieur du son Piotr Zawadzki.

Pologne, août 1980. Au moment où éclate la grève des chantiers navals de Gdansk, Winkel, un journaliste de radio-télévision, est chargé par les autorités de faire une enquête sur un des leaders du mouvement, Maciek Tomczyk, et d'en brosser un portrait peu flatteur afin de le compromettre... L'Homme de fer est la suite de L'Homme de marbre, réalisé par Wajda en 1976. Avec le recul, il peut être considéré comme le second volet d'un triptyque qui sera achevé par L'Homme du peuple (2013), biopic de Lech Walesa, avant-dernier film du cinéaste. Le premier intérêt de L'Homme de fer est d'avoir été « tourné à chaud », au moment où le syndicat Solidarnosc (Solidarité), fondé par Lech Walesa, se battait pour sa reconnaissance officielle et réclamait des libertés démocratiques. Le film mêle éléments de fiction et références explicites à l'actualité polonaise, étayées par des documents authentiques, issus de reportages, notamment de journaux télévisés. Lech Walesa apparaît par ailleurs au cours d'images d'archives, mais aussi dans son propre rôle à l'occasion de passages fictionnels. L'œuvre prolonge L'Homme de marbre par sa thématique, reprenant le personnage de la reporter Agnieszka (Krystyna Janda), épouse impliquée du syndicaliste Maciek (Jerzy Radziwilowicz).

Ce dernier n'est autre que le fils de Mateusz Birjut, ouvrier militant assassiné pendant les grèves ouvrières de 1970, et qui était le protagoniste de L'Homme de marbre. Le récit est à la fois efficace et subtil, avec son ossature de « film dossier » structuré en une série de flash-back, comme si le Costa-Gavras de Missing revisitait les audaces narratives du Welles de Citizen Kane. Les mises en abyme du scénario, combinées à un réel souci de réalisme historique et à une démarche d'engagement citoyen, aboutissent à un film hautement respectable, tant par son projet formel que par son humanisme universel. Qu'il filme le beau visage tourmenté et déterminé de Krystyna Janda ou qu'il reconstitue les revendications collectives dans les assemblées générales, Wajda fuit l'émotion gratuite autant que le pamphlet manipulateur, et se présente comme une « conscience artistique et morale du cinéma de son pays » (Le Monde). Loin d'être un cinéaste officiel de régime devenu dissident, Wajda était avant tout un amoureux fou de la Pologne et son peuple, si souvent menacés et déchirés au cours de l'Histoire. L'Homme de fer retrouve ainsi les ambitions et le souffle de Kanal/ils aimaient la vie (1957), son second long métrage, qui traitait du courage et de la dignité du peuple polonais lors de l'insurrection du ghetto de Varsovie. Présenté au Festival de Cannes 1981 à l'insu des autorités officielles polonaises, L'Homme de fer reçut la Palme d'or. Le 13 décembre de la même année, l'état de siège était instauré en Pologne et Wajda contraint à quelques années d'exil.

Gérard Crespo



 

 


1981 - 2h36 - Pologne - Scénario : Aleksander SCIBOR-RYLSKI - Interprétation : Jerzy RADZIWILOWICZ, Krystyna JANDA, Marian OPANIA, Boguslaw LINDA, Lech WALESA.

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