Bushwick
de Cary Murnion & Jonathan Milott
Quinzaine des Réalisateurs









Le chaos règne à Brooklyn

En sortant du métro dans Bushwick, un quartier de Brooklyn, pour aller chez sa grand-mère avec son nouveau petit-ami, Lucy se retrouve au beau milieu d’un véritable bain de sang. Des milices ont envahi New York pour en faire leur base d’opérations sur la côte Est. Dans ce chaos, Lucy tente d’éviter les balles perdues et se réfugie dans un sous-sol, où elle rencontre Stupe, un colosse qui est aussi ancien combattant. Ce dernier l’aide, à contrecœur, à parcourir les cinq blocs de Bushwick jusqu’à la maison de sa grand-mère, en supposant que celle-ci existe toujours… Cette production Netflix a fait moins couler d’encre qu’Okja. L’indifférence de la critique comme du public semble avoir été manifeste, si ce n’est quelques ricanements après sa projection à la Quinzaine des Réalisateurs. Cary Murnion et Jonathan Milott étaient déjà auteurs d’un premier long métrage, Cooties, comédie horrifique avec Elijah Wood, inédit en France. Leur seconde réalisation risque également de tomber aux oubliettes, à moins que les abonnés de la reine des plateformes de VOD ne lui fassent un bon bouche-à-oreille. Cette série B qui s’inscrit dans le genre de la dystopie ne donne certes toujours pas dans la légèreté : une esthétique de jeu vidéo (Lucy et Stupe pourraient avoir un avatar numérique), un manichéisme dans la caractérisation des personnages (en gros, les courageux prolos de Brooklyn affrontent les milices fascistes texanes) et une interprétation à la limite de l’amateurisme.

Brittany Snow écarquille de grands yeux devant le cauchemar urbain, et s’avère aussi peu subtile que l’horripilante Heather Donahue dans Le Projet Blair Witch ; Dave Bautista se montre à peine moins bourrin que dans Les Gardiens de la Galaxie ; et Angelic Zambrena dans le rôle de la sœur hystérique peine à remonter le niveau. Et pourtant, il faut saluer la démarche des deux cinéastes qui ont tenté de concilier cinéma d’auteur et film d’action, le chaos dont sont témoins Lucy et Stupe étant filmé à la manière d’un documentaire ou d’un reportage de guerre, caméra à l’épaule. L’œuvre est ainsi composée de plusieurs plans-séquences qui permettent d’éviter le montage racoleur et à la truelle qui est en général celui de ce type de productions. Tourné peu de temps après l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, le film peut aussi être perçu comme un brûlot politique et une métaphore des démons qui rongent les États-Unis. Au final, Bushwick est un ouvrage mineur mais son mélange d’audace et de modestie le rend plus recommandables que maints films de prestige ou à gros budget.

Gérard Crespo



 

 


1h34 - États-Unis - Scénario : Nick DAMICI, Graham REZNICK - Interprétation : Brittany SNOW, Dave BAUTISTA, Arturo CASTRO, Christian NAVARRO, Angelic ZAMBRINA, Patrick M. WALSH, Jeff LIMA, Jeremie HARRIS.

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