Le Tout Nouveau Testament
de Jaco van Dormael
Quinzaine des Réalisateurs


Sortie en salle : 2 septembre 2015





Le Bon Dieu sans confessions

Pour son quatrième long métrage, Jaco van Dormael revient à la veine surréaliste de Toto le héros, Caméra d'or en 1991, qui l'avait révélé cinq ans avant la présentation à Cannes du Huitième jour, un pénible tire-larmes récompensé par le double Prix d'interprétation pour Daniel Auteuil et Pascal Duquenne, qui joue ici un petit rôle. Le présent récit est agrémenté d'un humour trash et d'une ambiance glauque empruntés à Benoît Delépine et Gustav Kervern, autres cinéastes belges d'une inspiration bien plus débordante. La comparaison ne s'impose pas seulement parce que Benoît Poelvoorde et Yolande Moreau sont de la distribution. Le Tout Nouveau Testament dévoile la forme d'une farce corrosive, qui voit Dieu régner sur Bruxelles, et programmer les dates de mort des habitants. Suite à une dispute familiale, sa fille décide de divulguer via l'informatique la durée restant à vivre à la population. Des SMS sont ainsi adressés à des milliers d'individus déconcertés, d'un petit garçon atteint d'une maladie incurable à un obsédé du sexe, en passant par une bourgeoise d'un certain âge en quête du grand amour.

La fillette se met également en quête d'apôtres, au nombre de dix-huit, et non de douze, et ce afin de satisfaire sa mère, une adepte du base-ball, par ailleurs fan de Dalida et Adamo... Le film bénéficie d'un scénario loufoque et bordélique que n'auraient également pas renié le Mocky de La Grande frousse ou le Jeunet de Delicatessen. On appréciera surtout le ton décalé et une certaine virtuosité dans l'utilisation artisanale des codes du cinéma fantastique. Mais on pourra aussi être agacé par un humour un brin lourdaud, un recyclage ostensible de références cinématographiques (le personnage de Deneuve est manifestement inspiré de celui de Charlotte Rampling dans Max mon amour d'Oshima), le kitsch des partitions musicales (que n'avait également pas évité le Dolan des Amours imaginaires), et une esthétique publicitaire pesante. Au final, Le Tout Nouveau Testament frappe par sa liberté apparente mais dénote en même temps un faux esprit subversif, qui cherche à mettre les rieurs de son côté sans proposer de véritable point de vue de cinéaste.

Gérard Crespo

 



 

 


1h43 - Belgique, France, Luxembourg - Scénario : Jaco van DORMAEL, Thomas GUNZIG - Interprétation : Benoît POELVOORDE,, Yolande MOREAU, Catherine DENEUVE, François DAMIENS, Pili GROYNE, Johan LEYSEN, Johan HELDENBERGH, Serge LARIVIÈRE.

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