Touche pas à mes moutons !

Le succès cannois et la diffusion en salles de Béliers nous réjouissent d'autant plus que le film est une réussite dans une cinématographie plutôt discrète sur le plan international. Si l'on excepte les coproductions de la regrettée Solveig Anspach ou des œuvres isolées comme 101 Reykjavík (Baltasar Kormákur, 2000), force est de reconnaître que le cinéma islandais est largement méconnu. Passé par la Cinéfondation, Grimur Hakonarson propose ici son second long métrage de fiction, entièrement tourné en décors naturels. Le récit débute comme une chronique villageoise, sur fond de brouille intense entre deux vieux paysans éleveurs de moutons. Kiddi et Gummi ont pourtant des points communs : un mode de vie ancestral, une passion sans limite pour leur activité professionnelle et surtout leur lien de parenté. Car les deux vieux garçons sont frères, et un conflit datant de plusieurs décennies les a désunis. Aussi, quand une épidémie de tremblante du mouton se propage dans leur vallée, les différends vont s'accentuer, mais le drame sanitaire va peut-être rapprocher à nouveau les frères ennemis. Des situations saugrenues évoquent l'humour pince-sans-rire du Tchèque Jiri Menzel ou du Aki Kaurismäki de L'Homme sans passé.