Cemetery of Splendour
Rak ti Khon Kaen
de Apichatpong Weerasethakul
Sélection officielle
Un Certain Regard



Sortie en salle : 2 septembre 2015




L’hypnotique et douce langueur

Cinq années après sa Palme pour Oncle Boonmee, le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul était de retour en sélection, cette fois au Certain Regard où il présentait Cemetery of Splendour, un opus plus personnel puisqu’entièrement filmé et dédié à sa ville de naissance, Khon Kaen, dans le Nord de la Thaïlande. Le cinéaste explique vouloir rendre hommage à cette région frontalière et rurale, longtemps méprisée par ses compatriotes et redécouverte récemment.

Pour autant, Cemetery of Splendour n’a rien d’une version thaï de Bienvenue chez les Ch’tis : ce ré-enchantement d’un terroir descend en droite lignée des précédentes expériences proposées par Apichatpong Weerasethakul, où le minimalisme du texte nourrit l’hypnotique et douce langueur du film.

Autour d’un hôpital de brousse où l’on tente de soigner des soldats atteints d’une maladie du sommeil, sorte de narcolepsie post-traumatique, deux femmes animées par un sentiment patriotique se lient d’amitié autour du sort de Itt, un jeune soldat que personne ne visite.

La première, Jenjira, semble le considérer tantôt comme son fils adoptif, tantôt comme un compagnon platonique. La seconde, Keng, est dotée de pouvoirs de médium et parvient à communiquer avec les dormants.

Avec une justesse discrète, le film apporte progressivement les éléments fantastiques, signatures du cinéaste, avec l’apparition de deux déesses au diagnostic de la maladie du sommeil, qui serait liée aux fantômes de rois passés. Nos yeux sont alors bercés par les néons des machines respiratoires de l’hôpital, dont les lents changements de couleurs finissent par s’échapper des chambres pour envahir la ville et la jungle sous le chant des grillons, dans une composition qui touche au sublime, signe que les fantômes hantent toujours ce territoire reculé marqué par sa splendeur passée et les guerres l’ayant effacée.

Pierre-Auguste Henry

 



 

 


2h - Thaïlande - Scénario : Apichatpong WEERASETHAKUL - Interprétation : Jenjira PONGPAS, Banlop LONMOI, Jarinpattra RUEANGRAM.

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