Catch me Daddy
de Daniel Wolfe
Quinzaine des Réalisateurs


Sortie en salle : 7 octobre 2015




De la violence et des larmes

On aime souvent qualifier d’ovnis les films un peu différents. Mais le sujet de Catch me daddy est bien trop réel pour que ce qualificatif viennent le décrire. Et pourtant le premier film de Daniel Wolfe a de quoi surprendre. Commençant post-in medias res, le film nous plonge dans une poursuite infernale au cœur du West Yorkshire, cette contrée anglaise où l’accent est à couper au couteau, comme à la hache.

Laila (Sameena Jabeen Ahmed) est traquée par son père. Rien ne nous dit pour quelle raison elle a fui sa famille, d’origine pakistanaise. Son frère est envoyé pour la retrouver et la ramener au restaurant familial, aidé par un groupe de jeunes autres Pakistanais nourris aux joints et à l'adrénaline. Pour les aider dans leur quête, deux chasseurs de prime rejoignent le groupe. L’un est un ex-videur de boîte de nuit caractériel, l’autre, Tony (interprété par l’excellent et superbe Gary Lewis) est un cocaïnomane obsédé par l’argent. Lorsqu’ils retrouvent enfin Laila et son copain Aaron (Conor McCarron), la course poursuite prend des tournants dramatiques insoupçonnés.

Si le début est lent malgré l’originalité de son point de départ, le film surprend d’abord par ses événements, mais surtout sa fin. Admirablement bien trouvée, elle conclut habilement le film, nous laissant sur une tension qui nous oblige à prendre un parti, à imaginer toutes les possibilités qui pourraient découler de ce choix arrêté avec brio.

Si nombre d’éléments permettent d’expliquer la réussite d’un film, la fin est un des plus importants, et celle de ce premier film rejoint aisément mon palmarès de cinéphile qui aime qu’une histoire se termine avec force et beauté. Catch me daddy vient ainsi côtoyer, pour ne citer que quelques œuvres, La Pianiste de Haneke, The Fall de Tarsem Singh ou encore Notre jour viendra de Romain Gavras.

Quant à la violence, qui est tout de même un des gros points du film, avec la question de la culture, elle est loin d’être irréelle (comme l’ont signalé quelques spectateurs), et témoigne de la cruauté dont peut faire preuve une certaine jeunesse mise en marge de la société. Chaque classe sociale représentée dans le film possède en effet sa part de violence et d’illégalité, et l’addiction aux drogues dures tout comme leur vente n’est pas moins dramatique que l’assassinat ou le kidnapping.

A la manière du très bon R de Tobias Lindholm, nous assistons dans Catch me daddy à une dégringolade progressive qui fait s’immiscer l’horreur de la violence au cœur de l’intrigue, figurant une réalité macabre et douloureuse, malheureusement pas si éloignée de nos vies qu’on ne nous le ferait croire.

Marc-Aurèle Palla

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1h47 - Royaume-Uni - Scénario : Daniel WOLFE, Matthew WOLFE - Interprétation : Sameena JABEEN AHMED, Conor McCARRON, Gary LEWIS, Nichola BURLEY.

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